La bataille pour le secrétariat général de la francophonie n’aura pas l’air d’une bataille acharnée. La rwandaise Louise Mushikiwabo devrait sans surprise être élue samedi à la tête de l’OIF, aux dépens de la secrétaire générale sortante, la canadienne Michaëlle Jean. Il y’a de cela quatre ans, la canadienne avait été désignée pour succéder au sénégalais Abdou Diouf à la tête de l’organisation. La canadienne avait sollicité un nouveau mandat à la tête de l’OIF face à la candidature de la ministre rwandaise des affaires étrangères. Si la bataille était équilibrée entre les deux candidates, l’issue de cette élection s’est jouée il y’a quelques jours lorsque le Québec a officiellement annoncé le retrait de son soutien à canadienne Michaëlle Jean, ce qui n’a pas encore empêché celle-ci de renoncer à sa candidature. Mais avec le soutien de la France et celui du Québec, la ministre rwandaise devrait sans surprise être désignée comme la nouvelle secrétaire générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie.
Le sommet de la francophonie ouvert ce jeudi en Arménie devrait déboucher sur l’élection de Louise Mushikiwabo à la tête de l’OIF, sauf revirement de dernière minute. Quatre ans après le mandat de la canadienne Michaëlle Jean, le continent africain devrait à nouveau reprendre la tête de l’organisation de la Francophonie. La candidature rwandaise qui bénéficie déjà du soutien de la France et des pays africains membres de l’OIF, a reçu un allié de taille dans cette bataille. A la surprise générale, le Québec a décidé de retirer son soutien à la canadienne Michaëlle Jean, secrétaire générale sortante qui brigue un second mandat à la tête de l’OIF : « Après analyse et considérant le consensus africain qui se dessine au Sommet de la Francophonie d’Erevan, le Premier ministre désigné du Québec, M. François Legault, annonce qu’il ne soutiendra pas le renouvellement du mandat de Mme Michaëlle Jean au poste de secrétaire générale de la Francophonie », a fait savoir le cabinet du premier ministre québécois. François Legault a pour sa part renchéri en saluant le travail de la canadienne durant ces quatre dernières années : « Je veux reconnaître le travail de Mme Jean au cours des dernières années, notamment auprès des femmes et des jeunes, mais il est maintenant temps de laisser place à un nouveau style de gestion ». Le sort de cette élection semble donc sceller à l’avance avec ce nouveau soutien de taille du Québec à la candidature de Louise Mushikiwabo, la ministre rwandaise des affaires étrangères. Mais l’arrivée de la rwandaise à la tête de l’organisation internationale de la francophonie ne réjouit pas toute la classe politique, en l’occurrence Marine Le Pen : « Je suis indignée que la France puisse soutenir une ministre de Kagamé, qui est violemment antifrançaise, d’un pays qui a choisi de faire de l’anglais sa langue d’enseignement, sa langue d’administration, qui a tourné le dos au français et qui, de surcroît, a sur la France des propos qui sont presque insultants ».
Les raisons du retrait du Canada
Officiellement, le premier ministre du Québec justifie sa position par la nécessité de ‘‘laisser place à un nouveau style de gestion’’ au sein de la francophonie. Mais à en croire certaines sources, le recul canadien aurait des enjeux politiques bien plus importants. L’information reste à confirmer mais certaines rumeurs laissent entendre que le Canada aurait retiré son soutien à Michaëlle Jean en échange d’une promesse de la France pour la période 2020 – 2021. La France aurait promis en échange au Canada un poste de membre non permanent au sein du Conseil de Sécurité des Nations Unies si le Canada apportait son soutien à la candidature de la rwandaise.