Election en RDC : coup d’envoi de la campagne électorale

Kohan Kioshiko

Le coup d’envoi de la campagne électorale marque un nouveau tournant dans la présidentielle du 23 décembre prochain en RDC. Pourtant, les questions de fonds demeurent encore irrésolues, comme l’épineuse question de la machine à voter. La CENI a d’ores et déjà procédé au déploiement des premières machines à voter dans certaines régions du pays, au grand mépris de l’opposition congolaise qui dénonce ce nouveau système de vote mis en place par la commission électorale. Alors que l’opposition entendait faire front commun dans ce scrutin, l’union sacré a presque volé en éclat il y’a quelques semaines avec le retrait de Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe de l’accord de Genève. Martin Fayulu, désigné comme candidat unique de la plateforme Lamuka, bénéficie toujours du soutien des cinq autres signataires de l’accord signé à Genève il y’a une dizaine de jours.

Le coup d’envoi de l’élection présidentielle en RDC a officiellement été donné ce jeudi 22 novembre, jour de démarrage de la campagne électorale. Le régime Kabila qui a désigné Emmanuel Ramazani comme candidat officiel a débuté sa campagne par une conférence de presse dans la matinée de ce jeudi. Désigné candidat unique de l’opposition, Martin Fayulu vient de regagner Kinshasa après un déplacement en Europe. La CENI, commission chargée de l’organisation de ce scrutin à tour unique, a officiellement retenu 21 candidatures pour cette élection. Mais deux principaux chefs de file de l’opposition, l’homme d’affaires Moise Katumbi et l’ancien Vice-président Jean-Pierre Bemba, ont été exclus de la liste des candidats par la CENI. Le premier étant dans le collimateur de la justice pour des soupçons de malversation financière et le second recalé au motif du fait qu’il est toujours poursuivi à la CPI pour dans une autre affaire, malgré son acquittement. La présidentielle congolaise démarre sur fonds d’inquiétude car de nombreuses questions sont restées en suspens. En plus de la révision du fichier électorale, l’opposition congolaise avait exigé comme condition préalable à la tenue de ce scrutin le rejet de la machine à voter, une question qui fait la une du quotidien Le Nouvel Observateur de Kinshasa ce jeudi : «contestation de la machine à voter, véritable pomme de discorde entre le pouvoir d’une part et l’opposition et la société civile d’autre part et la polémique autour du fichier électoral comprenant plus de 10 millions d’électeurs sans empreintes digitales. Une campagne électorale qui se déroule aussi sur fond d’insécurité créée, voulue et entretenue par des groupes armés, véritables obstacles aux élections. Les élections de décembre 2018, conclut le bihebdomadaire, sont donc un véritable challenge pour les Congolais». Selon la CENI, environ 106 000 machines devraient être déployés sur l’ensemble du territoire avant le 23 décembre, date à laquelle aura lieu le scrutin présidentiel en RDC.

Une élection à l’issue incertaine

Pour la présidentielle du 23 décembre en RDC, aucun favori ne s’est d’abord détaché du lot. Après avoir renoncé à se présenter, Joseph Kabila a désigné pour cette élection Emmanuel Ramazani comme candidat du pouvoir en place. Face à lui, le candidat commun désigné à Genève, l’ancien député Martin Fayulu. S’il était parti comme le principal favori à sa désignation, le candidat unique a été fragilisé avec le retrait de deux leaders de l’opposition de l’alliance sacrée de Genève. Felix Tshisekedi et l’ancien président de l’Assemblée Nationale Vital Kamerhe, ont décidé d’aller en rang dispersés dans cette présidentielle à tour unique, alors qu’ils avaient tous deux endossé l’accord désigné Martin Fayulu comme candidat unique de l’opposition. Mais avec le soutien de Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi, Martin Fayulu a toujours la possibilité de surprendre au soir du 23 décembre prochain en RDC.

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