A l’issue du conseil des ministres qui s’est tenu le 3 août dernier, le gouvernement ivoirien s’est prononcé en faveur d’une labellisation de l’attiéké en Côte d’Ivoire. Très prisé par la population ivoirienne, la réputation de ces semoules de manioc a dépassé les frontières du pays et ne cesse de répandre. La protection juridique de ce plat permettra aux autorités ivoiriennes de le breveter et revendiquer en conséquence les droits. Mais quel bénéfice aux producteurs ?
La semoule de manioc, un nouveau trésor ivoirien
Le gouvernement ivoirien est engagé dans une bataille pour la labellisation de l’attiéké, un pur produit de Côte d’Ivoire. La décision de protéger les droits de cette appellation a été adoptée en conseil des ministres le mercredi 3 août dernier à Abidjan. Elle intervient dans un contexte où la notoriété des semoules de manioc qui au départ étaient consommées localement, traverse désormais les frontières ivoiriennes. De nombreux pays voisins comme le Mali ou le Sénégal sont devenus des consommateurs et aussi même des producteurs de ce mets sorti tout droit du terroir ivoirien. Dans ces pays, la même appellation est utilisée pour désigner l’attiéké, raison pour laquelle les autorités ivoiriennes se sont engagées sur la voie de revendication de l’appellation. Cette protection juridique, si elle est obtenue par l’Etat ivoirien, aura des retombées sur l’économie du pays. Mais en sera-t-il de même pour les producteurs locaux ?
L’enjeu économique que cache la labellisation de l’attiéké ivoirien
La protection juridique des semoules de manioc permettra à la Côte d’Ivoire de disposer d’un certain nombre de prérogatives sur ce mets partout au monde où il est produit et consommé. D’abord, elle fera de l’attiéké une marque déposée, c’est-à-dire un plat made in Côte d’Ivoire. Sur le rude marché de concurrence, c’est un argument qui peut jouer en faveur des exportateurs ivoiriens de la semoule. Ce brevet s’accompagne aussi de certaines normes, certaines conditions à remplir avant de se lancer dans la production de ce mets. En disposant des droits sur l’attiéké, la Côte d’Ivoire deviendra ainsi une référence mondiale dans la conception et l’exportation de ce produit vers l’extérieur, c’est-à-dire des pays comme la Chine qui en produit également.
Une protection juridique qui arrange les producteurs locaux ?
La filière de l’attiéké n’est pas encore régie en Côte d’Ivoire par des normes officielles. Chaque individu vivant au pays peut quand il le souhaite se lancer dans la production de ce mets. Le secteur d’activité n’est pas encore structuré, une situation qui ne va pas changer grand-chose aux conditions de vie des producteurs. Pour que ces derniers tirent profit de la labellisation du plat, il faudrait une réorganisation des acteurs à travers certaines coopératives, comme c’est le cas du cacao, première source de revenus du pays.
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