DEBATS FRANC CFA – Les positions en faveur et contre la monnaie africaine fusent de partout, depuis les récentes déclarations du président ivoirien depuis Paris.
Les propos de l’extrême droite italienne ayant relancé les débats sur le Franc Cfa, les défenseurs de la devise africaine sont montés au créneau pour réaffirmer la nécessité de rester dans la zone monétaire. Le président ivoirien qui a toujours pris position en faveur de la monnaie coloniale a récemment balayé d’un revers les allégations soulevées par l’extrême droite italienne qui accusait la France d’appauvrir le continent africain grâce au Franc Cfa. Mais les détracteurs de la monnaie africaine n’ont pas mis du temps à répondre aux propos du président ivoirien, en l’occurrence l’ancien ministre togolais Kako Nubukpo.
Les intellectuels africains continuent de marquer leur désaccord sur la question du Franc Cfa. Lors de sa visite d’état en France, le président ivoirien apportait son plein soutien à la zone monétaire en ces termes : « Je voulais vous dire une chose, le FCFA est une monnaie solide gérée par la BCEAO et uniquement par les Africains. C’est une monnaie qui est en circulation non seulement dans les 8 Etats membres de l’UEMOA mais dans toute l’Afrique de l’Ouest y compris la Mauritanie, le Ghana, le Nigeria, la Sierra Leone, le Liberia, la Gambie… qui sont des Etats non membres de l’UEMOA. Dans tous ces pays, les populations acceptent et utilisent le franc CFA. Si cette monnaie était autant décriée pourquoi voulez-vous que des pays qui ne sont pas membres du franc CFA que populations iraient chercher des francs CFA ? ». Mais cette position du dirigeant ivoirien a aussitôt poussé les détracteurs de ladite devise à sortir de leur tanière. Longtemps opposé à l’utilisation de cette devise, l’ancien président de l’Assemblée Nationale ivoirien, le professeur Mamadou Koulibaly, a récemment appelé à l’organisation d’un débat autour du Franc Cfa. Engagé depuis quelques années dans la lutte contre la monnaie coloniale, l’ancien ministre togolais Kako Nubukpo a lui aussi réagi aux propos du chef d’état ivoirien sur la monnaie en ces termes : «Monsieur Ouattara a l’âge du franc CFA, moi je pense qu’ils devraient tous prendre leur retraite, lui et le franc CFA. Il se trompe d’époque. Vous savez la période où un chef d’Etat dans son palais, tout seul demande à toute une population d’être silencieuse sur des questions quotidiennes, cette époque elle est révolue. Donc, il faut aujourd’hui que les chefs d’Etat comprennent que la jeunesse africaine veut participer à la construction de sa destinée».
Vers une réforme du Franc Cfa ?
Si les défenseurs du Franc Cfa soutiennent que la monnaie est avantageuse pour les africains, il ne faut pas perdre de vue les arguments avancés par les détracteurs de la monnaie. Ces derniers dénoncent entre autre la politique de l’arrimage du Franc à l’Euro, et ce depuis la création de la devise en 1945 (arrimée à l’époque au Franc français). Les détracteurs de la devise africaine s’offusquent aussi du fait que la France siègerait au conseil d’administration de la BCEAO avec un droit de veto, autant d’incohérences qui soulèvent aussi la nécessité d’une réforme de la zone monétaire.