Soudan : après la destitution de Béchir, l’armée prend le pouvoir

Kohan Kioshiko

DESTITUTION DU PRESIDENT SOUDANAIS – Après 30 années de règne sans partage, Omar el-Béchir a été destitué par l’armée soudanaise, suite aux nombreuses pressions exercées dans la rue depuis près de quatre mois.

Arrivé au pouvoir en 1989, Omar el-Béchir a été destitué par l’armée soudanaise le jeudi, suite aux pressions exercés par les soudanais depuis quatre mois dans les rues de la capitale et d’autres grandes villes du pays. Si la destitution du dirigeant en poste depuis 1989 est une grande victoire pour le peuple, le Soudan n’est toujours pas sorti l’auberge, puisque c’est le ministre de la défense, un proche collaborateur du président déchu, qui a pris les rênes du pouvoir désormais. La junte militaire annonce une transition qui se fera sur trois ans, une décision qui a fait réagir la communauté internationale.

Awad Ibn Awaf, ministre de la défense du Soudan, est le nouvel homme fort du pays. Accablé par les pressions populaires, Omar el-Béchir, au pouvoir depuis 30 ans, a été lâché par son armée. Au plus fort de la contestation populaire, l’armée a procédé à la destitution du président soudanais arrivé à la tête du pays en 1989. Cette décision a suscité la joie du peuple soudanais, joie qui a été cependant de courte durée. Après la destitution d’Omar el-Béchir, l’armée a annoncé sur les antennes nationales qu’elle prenait le pouvoir pour assurer une transition qui devrait durer deux ans. Ainsi, le ministre de la défense Awad Ibn Awaf a été désigné comme président du conseil militaire mis en place après la destitution de Béchir, selon un communiqué de l’armée soudanaise. Il est secondé dans ses nouvelles fonctions par le général Kamal Abdelmarouf, chef d’état-major de l’armée soudanaise. Mais l’arrivée au pouvoir a vite fait oublier la joie de la destitution de Béchir. Malgré un couvre-feu imposé jeudi soir, des milliers de soudanais se sont rassemblés devant le QG de l’armée soudanaise pour contester la prise du pouvoir par les militaires. Dans un communiqué officiel, le président de la commission de l’Union Africaine, a appelé l’armée à répondre aux aspirations des soudanais : «la conviction de l’Union africaine que la prise du pouvoir par l’armée n’est pas la réponse appropriée aux défis auxquels le Soudan est confronté et aux aspirations de sa population», mais surtout, Moussa Faki Mahamat  a souhaité voir « engager un dialogue inclusif afin de créer les conditions permettant de répondre aux aspirations du peuple soudanais à la démocratie, à la bonne gouvernance et au bien-être». Après avoir appelé au calme, le secrétaire général de l’ONU «rappelle ses encouragements et espoirs antérieurs selon lesquels les aspirations démocratiques du peuple soudanais se réaliseraient grâce à un processus de transition approprié et inclusif».

Les soudanais souhaitent une transition sans l’armée

«Les Soudanais en réclament plus. Il nous importe que non seulement Omar el-Béchir soit destitué, mais aussi tout son gouvernement. Le ministre soudanais de la Défense, Ahmed Awad Ibn Auf, est l’un des criminels de guerre au Darfour en 2003. Il fait l’objet d’un mandat d’arrêt international. Nous ne permettrons pas que cet homme s’empare du pouvoir. Nous manifestons depuis quatre mois. Des dizaines de manifestants ont péri et nous ne reculerons pas pour permettre aux politiciens d’échanger tout simplement leurs postes», a confié jeudi à Spuntik Hasan Rizq, figure de l’opposition soudanaise. La contestation au Soudan qui dure depuis quatre mois est pourtant partie d’une simple manifestation contre l’augmentation du prix du pain. Dans une annonce faite en décembre, le gouvernement avait indiqué que le prix du pain aller, une situation que les soudanais n’ont évidemment pas accepté. En réponse à cette hausse du prix du pain, plusieurs manifestations populaires ont été organisées, des manifestations qui ont pris une autre tournure avec les appels à destituer Omar El-Béchir, président en poste depuis 30 ans.

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