Guerre Affi N’Guessan – Laurent Gbagbo : le ‘‘Game of Thrones’’ à l’ivoirienne

Kohan Kioshiko

DISCORDRE ENTRE AFFI ET GBAGBO – La remise en liberté conditionnelle de l’ancien président n’a manifestement pas atténué les tensions qui secouent depuis des années, le front populaire ivoirien.

Après avoir tenu tête à la branche dissidente du front populaire ivoirien depuis des années, Pascal Affi N’Guessan est désormais engagé dans un bras de fer avec l’ancien dirigeant Laurent Gbagbo. Remis en liberté conditionnelle le 15 janvier dernier, l’ex-dirigeant a fait savoir par la voie de ses émissaires sa volonté de reprendre le flambeau au FPI, quitte à écarter son ancien premier ministre de la présidence du parti qu’il occupe depuis plus d’une quinzaine d’années. Mais l’ancien bras droit du président fondateur du Front populaire ivoirien refuse toute transition du pouvoir qui n’obéit pas aux règles du parti, étant donné qu’il a été reconduit il y’a environ quatre ans par 4500 congressistes à la tête du parti.

La guerre de succession au FPI entre Affi N’Guessan et Laurent Gbagbo fait penser à certains égards à la célèbre saga mondiale «Game of Thrones». Pour la simple raison que nul ne peut s’hasarder à ce jour à donner le dénouement de cette crise au FPI à l’avance. Après la sortie de prison de Laurent Gbagbo, ses émissaires avaient organisé une rencontre entre lui et l’actuel président de son parti, Pascal Affi N’Guessan. Mais à la surprise générale, cette rencontre n’aura plus lieu, comme l’avait indiqué le patron du FPI dans un communiqué officiel datant du 22 mars : «Depuis deux jours je suis à Paris en raison de ce que M. Acka Emmanuel, un ami du président Gbagbo, m’a assuré de ce que ce dernier avait accepté de me recevoir à Bruxelles. Il m’a même autorisé à rendre publique l’information relative à cette rencontre. L’entretien avec le président Gbagbo devait se dérouler en présence de M. Assoa Adou.  J’ai fait escale à Paris pour que M. Acka et moi fassions chemin ensemble. À ma grande surprise, à mon arrivée à Paris, M. Acka Emmanuel me fait comprendre que le président Gbagbo exige avant de me recevoir que je fasse, au préalable, une déclaration sur Radio France internationale (RFI). Le journaliste Norbert Navaro m’attendait pour celle-ci. J’ai trouvé l’esprit de cette déclaration, son contexte et son contenu méprisant, insultant et contraire à l’esprit de réconciliation et d’unité du parti qui m’anime. En conséquence, j’ai refusé, j’ai dit « NON ». Je n’ai donc pas pu me rendre à Bruxelles pour rencontrer le président Gbagbo. J’ai été bloqué à Paris». Dans le camp de la branche dissidente, on tient Affi N’Guessan pour l’unique responsable de l’échec de cette rencontre avec Laurent Gbagbo : «Le Président Laurent GBAGBO a indiqué à Monsieur Pascal Affi N’Guessan qu’il entendait mettre fin à l’ingérence de l’État dans le fonctionnement du FPI, et lui a en conséquence demandé de reconnaitre les Congrès de Mama et de Moossou et d’en respecter les décisions qui en ont découlées. Monsieur Pascal Affi N’Guessan avait alors fait savoir au Président qu’il acceptait ce préalable et qu’il s’engageait à faire une déclaration en ce sens avant leur rencontre. De manière fort surprenante, Monsieur Pascal Affi N’Guessan a annoncé une rencontre avec le Président Laurent Gbagbo sans avoir pour autant fait ce qu’il s’était engagé à faire.», a martelé dans un communiqué Assoa Adou, le secrétaire général de la tendance pro-gbagbo au sein du FPI.

Une guerre du trône sur tous les fronts

Après l’échec de cette rencontre entre Affi et Gbagbo, le président du front populaire a été confronté à une vague de défections au sein de son camp. La plus importante fut le départ d’Agnès Monnet, la secrétaire générale du FPI. Mais le camp Affi a vite trouvé une alternative à ce départ en recrutant Issiaka Sangaré, frère de feu Adoudramane Sangaré dans son camp, pour succéder à Agnès Monnet. Ce ‘‘Game of Thrônes’’ à l’ivoirienne nous réserve encore de nombreuses surprises à l’avenir.

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