ELECTION LEGISLATIVES BENIN – Malgré l’appel lancé par l’ancien président Yayi Boni, la République Béninoise est allée dimanche dernier aux élections sans participation de l’opposition. En raison de la nouvelle réforme du code électoral qui imposaient de nouvelles conditions que les opposants politiques n’ont pas réussi à réunir, le nouveau parlement ne sera composé que de deux forces politiques proches du pouvoir.
Aucun siège de député pour l’opposition béninoise, une première dans cette république autrefois considérée comme un exemple de démocratie africaine. La commission électorale indépendante ne devrait pas tarder à annoncer les résultats provisoires de l’élection législative du 28 avril, un scrutin sans véritable enjeu, puisque les 83 sièges du parlement béninois devraient sans surprise être occupés par le pouvoir en place. La mission de l’Union africaine dépêchée au Bénin a rendu ses conclusions sur le processus électoral. Si dans l’ensemble l’UA salue le bon déroulement du scrutin, la mission souligne toutefois que le vote s’est déroulé ‘‘dans un contexte marqué par une rupture de consensus au sein de la classe politique’’.
L’Union africaine a suivi de près le déroulement de l’élection législative du 28 avril au Bénin. A travers une mission déployée dans plusieurs villes du pays, l’UA a salué le bon déroulement du scrutin dans l’ensemble, scrutin qui s’est déroulé sans la participation de l’opposition béninoise faut-il le préciser. Sans surprise, les 83 sièges du parlement seront donc contrôlés par l’Union progressiste et le Bloc républicain, deux formations politiques proches du pouvoir actuel. Dans ses conclusions l’Union Africaine révèle : «Les élections législatives du 28 avril 2019, bien que prévues par le cadre juridique et le calendrier électoral, se sont déroulées dans un contexte marqué par une rupture de consensus au sein de la classe politique. Résultant d’une volonté d’enclencher des réformes structurelles certes nécessaires pour la stabilisation du système partisan béninois, cette rupture du consensus a mis en mal le caractère ouvert, inclusif et compétitif qui a traditionnellement caractérisé les processus électoraux antérieurs au Bénin. La MOEUA a constaté l’apathie du peuple béninois et qui s’est traduite par l’absence d’effervescence électorale au cours de la campagne électorale et le manque d’engouement observé dans les centres de vote couverts par les équipes de la Mission le jour du scrutin». L’Union africaine n’est pas restée insensible aux violences qui ont émaillés le processus électoral au Bénin. Plusieurs béninois ont perdu la vie dans des mouvements de protestation contre la tenue des législatives sans la participation de l’opposition béninoise : «La MOEUA déplore les pertes en vie humaine et les cas de violences survenus dans les départements du Borgou, des Collines et du Zou qui ont été portés à son attention. La MOEUA appelle toutes les parties prenantes au processus électoral et tous les acteurs politiques à la retenue et à prioriser le dialogue inclusif dans l’intérêt suprême de la nation béninoise. Elle exhorte tous les acteurs qui mènent des actions en faveur de la paix, de la cohésion nationale et de la stabilité à intensifier leurs efforts dans la période postélectorale.», souligne la mission dans ces conclusions.
Une reprise du scrutin au Bénin ?
Dans son rapport, l’Union africaine a formulé quelques recommandations au gouvernement et à la commission électorale indépendante. Au gouvernement, l’UA a appelé à «Privilégier l’approche inclusive et consensuelle dans la mise en application des réformes législatives et électorales à travers la mise en place d’un cadre de concertation permanent entre les acteurs politiques et les autres parties prenantes au processus électoral, à Renouer le dialogue avec l’opposition politique en vue de la mise en application des réformes plus consensuelles et l’apaisement de l’environnement politique, gages de l’organisation d’élections inclusives». Cependant, la mission de l’Union africaine ne préconise pas dans son rapport une reprise des législatives au Bénin, ce qui reste un sérieux revers pour l’opposition béninoise.