Doumbia Major : «Laurent Gbagbo n’était pas un socialiste»

Kohan Kioshiko

INTERVIEW DOUMBIA MAJOR – Dans un entretien exclusif accordé à nos confrères de Fraternité Matin, le président du CPR a passé en revue plusieurs sujets d’actualité du moment. Interrogé sur la vision socialiste promue par l’ancien dirigeant, le président du congrès panafricain pour le renouveau a émis quelques doutes sur l’appartenance de l’ex-président ivoirien à ce courant idéologique qu’il clamait haut et fort.

Le président du congrès panafricain a récemment donné son avis sur la vision socialiste défendue par l’ancien dirigeant Laurent Gbagbo. Si le front populaire était membre de l’Internationale socialiste, le FPI a été exclu de cette alliance mondiale le 29 mars 2011. Et selon Doumbia Major, l’ancien dirigeant ivoirien n’a jamais été un socialiste comme il se plaisait à le revendiquer si souvent dans ses allocutions. Une déclaration qui va sans doute susciter de nombreuses réactions dans le camp de l’ancien dirigeant, d’autant plus que celui-ci est depuis janvier acquitté par la première instance à la Cour Pénale Internationale.

Laurent Gbagbo était-il réellement un socialiste ? Pour ses partisans, il ne fait aucun doute que leur leader était l’un des fervents défenseurs de cette idéologie en Afrique. Si pour certains l’ancien dirigeant ivoirien est à l’origine du multipartisme en Côte d’Ivoire, il s’est éloigné de l’idéologie socialiste dans la pratique, du moins selon Doumbia Major : «Laurent Gbagbo a clamé le socialisme sans le mettre en pratique. Il n’était pas, pour nous, un socialiste. Le socialisme a plusieurs déclinaisons : le maoïsme, le léninisme, le marxisme… Dans l’idéologie socialiste, il y a une vision de classes et une vision qui transcende les nations. Parce que l’impérialisme et le capitalisme ne trient pas et n’ont pas de frontière. Tant qu’ils peuvent faire du profit sur vous, ils vous utilisent. Le socialisme amène les masses à être unies. Mais quand on voit Laurent Gbagbo, dont le parti embouche le discours d’ivoirité, d’autochtonisme, identitaire, etc., le discours d’hiérarchisation des ethnies, en poussant même à la xénophobie contre les étrangers, on se convainc qu’il ne peut être socialiste. Les socialistes vrais appellent à l’unité des forces des masses sans distinction d’ethnies ou de religions. Ils ne divisent pas le peuple sur la base ethnique.», a confié le président du congrès panafricain pour le renouveau. Selon Doumbia Major, «Dire donc qu’on est d’obédience socialiste, c’est affirmer son amour pour l’humain et pour ses compatriotes, surtout pour les plus faibles. Le Cpr défend des valeurs de partage et de redistribution des ressources et richesses nationales. Nous partons du principe que ce que la nature donne aux nations et à l’humanité appartient à tous. Et que ce qui est collectif doit être utilisé pour le bonheur des peuples».

Socaliste dans l’âme, Doumbia Major salue le libéralisme du président ivoirien

«Aujourd’hui, il faut reconnaître ce qui est fait en Côte d’Ivoire. On parle de socialisme et aujourd’hui  il y a les filets sociaux mis en place par le gouvernement du Premier ministre Gon Coulibaly. C’est quelque chose que nous saluons. Alassane Ouattara est certes libéral, mais ça c’est du socialisme. On ne l’a pas vu sous Laurent Gbagbo. Nous ne sommes pas dans les idéologies tranchées. Nous pouvons toujours nous entendre avec les uns et les autres autour d’un minimum. C’est ce qui doit être fait. Aujourd’hui, il s’agit de faire ce qui arrange le peuple.», a confié le président du CPR au cours d’une interview accordée à nos confrères de Fraternité Matin. Doumbia Major n’exclue d’ailleurs pas une alliance avec le pouvoir en place en 2020 : «Nous avons dit aussi que notre engagement pour 2020 peut se faire dans le cadre d’une coalition. Cette coalition se fera avec des gens qui sont contre le discours identitaire, la division ethnique  du peuple, pour le développement et pour le partage de la croissance».

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