CRISE AU CAMEROUN – Depuis fin 2016, les régions anglophones camerounaises sont en proie à des conflits d’autodétermination qui ont fait près de 1900 morts selon un rapport des Unies. Dans un nouveau rapport, l’ONG Human Right Watch dénonce de nouvelles exactions commises par les soldats camerounais dans ces régions en proie aux conflits séparatistes. Face à la gravité de la situation, HRW appelle le conseil de sécurité des Nations Unies à se pencher de près sur cette crise.
Human Rights Watch vient de dévoiler un nouveau rapport accablant les autorités camerounaises dans la gestion de la crise en région anglophone. Depuis fin 2016, des groupes séparatistes revendiquent leur indépendance vis-à-vis de l’état camerounais, tentant le plus souvent de se faire entendre par la voie de la violence. L’armée camerounaise est depuis plus de deux ans engagée dans une guerre contre les séparatistes, un conflit qui a fait plus d’un million de déplacés selon l’ONU. Si les exactions sont commises de part et d’autres, la gestion de la crise anglophone par l’Etat camerounais inquiète l’ONG de défense des droits de l’homme.
«Les autorités camerounaises ont torturé et détenu au secret des personnes dans un centre de détention à Yaoundé, la capitale du Cameroun. Des gendarmes et d’autres forces de sécurité au Secrétariat d’État à la défense (SED) ont pratiqué de graves passages à tabac et des quasi-noyades pour obtenir des aveux de détenus suspectés d’avoir des liens avec des groupes séparatistes armés.», explique l’ONG Human Rights Watch dans un nouveau rapport sur la crise en zone anglophone au Cameroun. Dans ce nouveau rapport, l’Ong de défense rappelle la torture est devenue monnaie courante dans la gestion de la crise séparatiste qui secoue une partie du Cameroun depuis fin 2016. A en croire l’ONG des droits de l’homme, l’état camerounais a de plus en plus recours à la torture face aux séparatistes : «La torture est endémique depuis longtemps dans le système militaire et d’application des lois au Cameroun, notamment à l’encontre des personnes suspectées d’être des membres ou des partisans du groupe armé Boko Haram ou de groupes séparatistes armés. Les autorités détiennent des personnes au secret et torturent des détenus au SED depuis 2014 au moins.». Il est donc urgent pour la communauté internationale d’agir, en l’occurrence le conseil de sécurité de l’ONU, selon Lewis Mudge, représentant de HWR en Afrique centrale : «Le Conseil de sécurité de l’ONU devrait envoyer un message clair indiquant que la cessation de la torture en détention est capitale pour répondre à la crise dans les régions anglophones». De son côté, l’Union européenne a déjà interpellé les autorités camerounaises sur la gestion de la crise séparatiste, notamment sur le recours régulier de la violence dans ce conflit.
Le Cameroun déjà accablé par l’Union Européenne
« Depuis les élections d’octobre dernier, nous avons constaté qu’il y avait des tensions dans le pays, en particulier dans les régions anglophones ainsi qu’une régression des droits politiques. Des prisonniers politiques qui s’exposent à de lourdes peines de prison, une interdiction de facto des manifestations publiques, sachant que tout ceci n’est pas conforme à la Constitution font désormais le quotidien de ce pays… Le Parlement déplore le manque de volonté des deux parties au conflit à s’engager dans des pourparlers de paix ; insiste auprès de l’Union africaine et de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale pour qu’elles s’emploient à convaincre le Cameroun d’organiser de tels pourparlers », a commenté l’Union européenne dans un rapport sur la situation au Cameroun au mois d’avril. Un mois après cette résolution de l’UE, le conseil de sécurité devrait se réunir le 13 mai pour des résolutions sur la crise anglophone dont le bilan officiel fait état de 1850 morts pour l’instant.