COMMISSION ELECTORALE INDEPENDANTE – A l’approche de la prochaine présidentielle en Côte d’Ivoire, opposition et gouvernement se sont déjà accordés sur le principe de la réforme de la CEI. Mais dans les faits, chaque camp campe sur sa position, le gouvernement évoquant une simplement recomposition de l’institution, tandis que l’opposition appelle à recomposer entièrement l’instance électorale.
Danièle Boni-Claverie s’est longuement exprimée sur la question de la réforme de la CEI à l’occasion d’une allocution donnée à l’hôtel communal de la commune de Port-Bouët. Selon la présidente de l’URD, le gouvernement devrait penser à ‘‘recomposer entièrement et en profondeur cette Institution’’ avant la tenue de la prochaine présidentielle en Côte d’Ivoire. Sauf que pour l’instant le gouvernement cède très peu de marge de manœuvre aux opposants ivoiriens. Au mois de mars, à l’issue d’un conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement révélait que les discussions et négociations porteraient uniquement sur la recomposition de la commission électorale indépendante.
La mise en place d’une nouvelle commission électorale en Côte d’Ivoire fait l’unanimité au sein de la classe politique ivoirienne. Mais les discussions restent pour l’instant au point mort puisque l’on assiste à dialogue des sourds entre les deux parties prenantes, à savoir le gouvernement et l’opposition ivoirienne. A l’issue d’un conseil des ministres tenu au mois de mars, Sidi Tiémoko Touré, porte-parole du gouvernement, dévoilait les grandes lignes de la réforme de la CEI annoncée l’année dernière par le président Ouattara Alassane : «En référence à la déclaration du Chef de l’Etat dont vous vous souvenez, le gouvernement travaille exclusivement à la mise en œuvre de ses instructions, en l’occurrence, la recomposition de la CEI qui est l’unique et principale observation de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples. Donc nous ne ferons pas plus que ça. Nous sommes ouverts aux propositions de toutes les parties pour continuer les négociations jusqu’à son terme». Pour l’opposition ivoirienne, pas question de se limiter à une simple récomposition de l’institution, puisque la Cour Africaine aurait préconisé dans ses conclusions une réfonte en profondeur de l’institution. Pour ce faire, une série de propositions avaient même été égrenées par les partis d’oppositions, parmi lesquelles figure le départ de Youssouf Bakayoko, à la tête de l’institution depuis une dizaine d’années :«la Présidence de la Commission chargée des Élections par une personnalité de la Société Civile recrutée par appel à candidature avec des vice-présidents, également recrutés par appel à candidature».
Danièle Boni-Claverie soutient la réforme en profondeur de la CEI
«La clé fondamentale de la reconstruction de notre nation est une CEI consensuelle avec les partis politiques de la société civile. C’est la seule manière de garantir des élections claires, transparentes et démocratiques. Le scrutin présidentiel de 2020 est censé mettre un terme à toutes ces années de crise. C’est pourquoi, l’URD tire la sonnette d’alarme. Il ne peut être question d’organiser une élection présidentielle dans un tel climat de défiance où deux blocs se dressent face à face. L’un, le pouvoir se félicite et je cite le Président Ouattara : ‘‘la CEI a organisé 7 élections qui se sont globalement bien passées et je félicite M. Bakayoko pour ces élections qui se sont bien déroulées. Et les quelques problèmes rencontrés aux élections locales ne doivent pas nous amener à décrier cette commission’’. Fin de citation. De l’autre côté de l’opposition dans son ensemble se dresse pour rejeter en bloc un processus dont les dysfonctionnements sont nombreux et exigent d’être corrigés. Il s’agit donc de recomposer entièrement et en profondeur cette Institution en tenant compte des exigences d’indépendance et d’impartialité de la Cour Africaine des Droits de l’Homme pour en faire un gage de paix et de développement.»