GROUPE PARLEMENTAIRE OPPOSITION – Après avoir dénoncé ensemble les conditions de l’élection du nouveau président de l’Assemblée Nationale, les groupes parlementaires de l’opposition ont une nouvelle fois fait front commun contre les élus du Rhdp sur la question de la formation du bureau de l’hémicycle ivoirien. Face à ce qu’ils qualifient de dérive, les opposants n’entendent pas rester les bras croisés pour voir le parti au pouvoir manœuvrer tout seul à l’hémicycle.
A l’occasion d’une conférence de presse donnée au siège du PDCI RDA dans la commune de Cocody, les groupes parlementaires de l’opposition ivoirienne ont passé en revue plusieurs sujets d’actualité. L’une des principales thématiques abordées était liée à la nouvelle configuration de l’Assemblée Nationale après la démission de Guillaume Soro, suite à son refus d’intégrer le Rhdp. Son successeur, Amadou Soumahoro, peine à faire l’unanimité dans ses choix depuis son arrivée à la tête de l’institution. Face à cette situation, les groupes parlementaires de l’opposition ont décidé de réagir, mais comment ? La réponse la plus appropriée sur le terrain serait une fusion de tous les groupes représentés au parlement ivoirien, en une seule force politique, ce qui aurait un fort impact sur la configuration actuelle du parlement.
Les groupes parlementaires de l’opposition et le nouveau président de l’Assemblée Nationale multiplient de jour en jour les divisions. Après la démission de Guillaume Soro, la classe politique de l’opposition s’était abstenue de participer à l’élection du nouveau président de l’Assemblée Nationale, sous prétexte que le système de vote instauré n’était pas conforme aux textes en vigueur. La formation du bureau de l’Assemblée Nationale a accentué les divisions entre Amadou Soumahoro et les groupes parlementaires de l’opposition qui n’entendent pas rester insensibles : «Si l’Assemblée nationale, dans sa figuration actuelle, estime que nous ne devons pas jouer notre rôle, nous allons nous organiser à notre niveau. Je parle sous le couvert des différents présidents des Groupes parlementaires pour aller au contact de nos populations, pour comprendre la crise et proposer des solutions à l’opinion…. Quitte à le faire à nos propres frais», a fait savoir Tra Bi Guillaume, membre du groupe parlementaire Vox Populi. Abordant dans le même sens, le député Loukimane a aussi appelé à agir contre la ‘‘dérive autoritaire’’ du pouvoir en place : «dès lors que le pouvoir ne respecte pas les règles que nous nous sommes établies librement, il y a dérive autoritaire et c’est l’amorce de la dictature. Pour s’opposer à la dictature, il faut une opposition parlementaire, mais aussi il faut la société civile… faites le point depuis que ce pouvoir est installé, le recul démocratique dans ce pays. Face à une volonté d’installer une autocratie dans ce pays, nous allons le contrecarrer par la loi en nous battant formellement au sein de l’hémicycle». Avec une majorité parlementaire acquise à sa cause, le Rhdp contrôle le parlement ivoirien sans la moindre inquiétude. Mais les cartes pourraient être redistribuées en cas d’une fusion de tous les groupes parlementaires de l’opposition en une seule force politique, ce qui n’est pour l’instant pas encore à l’ordre du jour. Mais pour faire le poids face au Rhdp à l’Assemblée Nationale, les opposants ivoiriens sont dans une certaine mesure condamnés à une alliance, ce qui se matérialise déjà sur plusieurs sujets comme la composition du bureau proposée par Amadou Soumahoro.
Yasmina Ouegnin donne le ton
«L’Assemblée nationale contrôle le Gouvernement et non l’Assemblée nationale est sous la coupe de l’exécutif comme le dit le président actuel. L’Assemblée nationale ne doit pas être inféodée dans un Etat de droit…nous n’allons pas assister comme ça de manière indifférente à un recul démocratique en Côte d’Ivoire». Le PDCI reste à ce jour le principal groupe parlementaire de l’opposition en Côte d’Ivoire.