Ponction et suspension des salaires : CNEC et Cosefci interpellent le gouvernement

Kohan Kioshiko

PONCTION DES SALAIRES – Les grèves à répétition dans l’éducation nationale et dans l’enseignement supérieur ont eu d’énormes conséquences financières sur les salaires des enseignants en Côte d’Ivoire. Ces derniers ont dénoncé des ponctions démesurées sur leur paie du mois. La suspension des salaires était également à l’ordre du jour lors de la conférence de presse de la Plateforme pour la défense des libertés.

Malgré la grève, les enseignants n’ont toujours pas encore eu gain de cause, que ce soit ceux de l’éducation nationale comme ceux de l’enseignement supérieur. Les deux mois d’arrêt de travail ont eu des conséquences sur les salaires. Mais les ponctions effectuées sur la paie seraient disproportionnées à en croire les syndicats d’enseignants. A l’occasion d’une conférence de presse de la Plateforme pour la défense des libertés, les responsables syndicaux de la CNEC et de la Cosefci se sont attardés sur la question, mais surtout sur la suspension des salaires de certains professeurs. D’après le syndicat dirigé par Pacôme Attaby, un peu plus d’un millier d’enseignants ont vu leur salaire suspendus suite à la rétention des notes décidé en Assemblée Générale extraordinaire.

Les enseignants affiliés à la Cosefci ont levé leur mot d’ordre de grève, tandis que les enseignants du supérieur maintiennent toujours leur mot d’ordre. Mais le syndicat dirigé par Pacôme Attaby n’a pas pour autant renoncé définitivement à sa cause, puisqu’il a décidé de la rétention des notes des élèves, après avoir levé son mot d’ordre de grève. La suspension du mot d’ordre devrait en principe éviter aux enseignants du primaire et du secondaire, ceux qui ont respecté la grève, d’être ponctionnés de manière disproportionnée, comme c’était le cas au mois de février. Selon plusieurs sources que nous avons contactées dans le milieu de l’enseignement en Côte d’Ivoire, les ponctions opérées sur les salaires précédemment oscillaient entre 40 000 et 200 000 francs Cfa, la ponction la plus élevée étant sur le salaire des professeurs d’université. Au cours d’une conférence de presse animée jeudi, la Cosefci a dénoncé ces prélèvements démesurés sur les paies : «Depuis donc ce temps, nous avons engagé une série de grève et au lieu d’apporter réponses concrètes aux revendications des enseignants, le gouvernement a procédé à plusieurs reprises à enfreindre la liberté syndicale qui nous est  reconnue par la constitution… Nous au niveau de la Cosefci, nous sommes pour la ponction quand elle respecte le nombre de jours de grève. C’est-à-dire que chez nous lorsqu’on n’a pas travaillé, on est d’accord qu’on ne paye pas. Mais si c’est 10 jours, qu’on fasse une ponction de 10 jours. Mais quand on fait 4 ou 5 jours et qu’on nous fait une suspension de salaire, nous n’acceptons pas cela », a souligné Ernest Kanga Kouassi, l’un des responsables de la Cosefci avant de poursuivre : «Pour nous ce sont des actes qui ne permettent pas d’aller à l’apaisement, alors que le gouvernement chante chaque fois qu’il faut que  nous allions à l’apaisement. Toutes ces actions sont menées dans le sens d’intimider nos camarades, ils menacent pour que nos camarades abandonnent leur arme. Cette arme n’est pas une arme de guerre, mais une arme qui nous est reconnue par la constitution de Côte d’Ivoire».

Des enseignants sans salaires en mai ?

«A ce que je sache, la Côte d’Ivoire a ratifié toutes les conventions de l’OIT, du BIT et d’autres conventions internationales relatives au droit du travail. En cela la Côte d’Ivoire s’il est un pays de droit devait tenir compte du fait qu’il est une partie du monde… A la fin de ce mois de mai, semble-t-il, les enseignants-chercheurs  et chercheurs, je ne sais pas si c’est le cas au plan national, particulièrement à l’Université Félix Houphouët-Boigny n’auront pas leur salaire compte tenu de la grève prononcée et entamée par la Cnec depuis le lundi 20 mai 2019 », a fait remarquer le SG de la CNEC.

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