POLEMIQUE SUR LA NATIONALITE – A l’approche de la prochaine présidentielle ivoirienne, le président du PDCI a fait ressurgir le débat sur la fraude à la nationalité ivoirienne, indiquant que plusieurs étrangers auraient été naturalisés illégalement pour fausser les élections tant attendues d’octobre 2020.
La fraude à la nationalité en Côte d’Ivoire n’est pas un fait nouveau. Mais à l’approche de la prochaine présidentielle, ce sujet pourrait remettre en cause la crédibilité des résultats du prochain scrutin présidentiel. Il y’a de cela deux semaines, le patron du PDCI RDA révélait au grand jour que de nombreux étrangers avaient été frauduleusement naturalisés comme des ivoiriens, manifestement dans le but d’aider le pouvoir en place à renforcer son électorat en 2020. Ces révélations ont fait ressurgir le vieux débat de l’ivoirité, un concept promu il y’a quelques années par Henri Konan Bédié. Taxé aujourd’hui de xénophobe par certains, le président du Pdci Rda n’aurait à l’évidence pas tout à fait tort sur le sujet, selon un ancien cadre du RDR aujourd’hui dans le partie de Bédié.
La fraude à la nationalité alimente depuis quelques semaines les débats au sein de la classe politique ivoirienne. Si le sujet ne date guère d’aujourd’hui, il a de nouveau refait surface depuis deux semaines, après des révélations faites par Henri Konan Bédié, le président du PDCI RDA : «On fait venir des étrangers armés qui sont stationnés maintenant dans beaucoup de villages. Il faut que nous réagissions pour que les Ivoiriens ne soient pas étrangers chez eux, car actuellement on fait en sorte que l’Ivoirien soit étranger chez lui. Mais les Ivoiriens n’accepteront jamais cela… Il faut simplement que nous soyons conscients, car le moment venu, nous agirons, pour empêcher ce hold-up sur la Côte d’Ivoire». Dans ces déclarations, le patron du PDCI révèle que nombres de ces étrangers naturalisés ivoiriens en toute illégalité, résideraient à ce jour dans la commune d’Abobo, l’un des principaux fiefs du RDR, le parti au pouvoir. Taxé de xénophobes par ces détracteurs, le père de l’ivoirité (le concept), a tout de même reçu de nombreux soutiens au sein de la classe politique de l’opposition. Dans son propre camp, l’ancien maire RDR de la commune de Man, aujourd’hui, PDCI, a lui aussi approuvé la position de Bédié sur la fraude à la nationalité : «Le président Bédié n’est pas un homme qui parle au hasard, et il sait de quoi il parle. Il parle de problème d’étrangers en Côte d’Ivoire qui ont des papiers, etc. Les gens pensent que c’est pour des questions d’élections forcément qu’il est en train de parler maintenant. Ce sont de grands hommes. Quand ils sont assis, ce qu’ils voient, nous, on est debout mais on ne voit pas», a fait savoir André Tia, ex-cadre du parti au pouvoir.
Des étrangers naturalisés en zone CNO
«Regardez, moi j’ai été maire à Man, et Man fait frontière avec deux pays, la Guinée et le Liberia. Au moment de la crise, Man était dans la zone occupée, Zone CNO. Les gens sont venus de la Guinée et du Liberia en nombre… les mairies étaient ouvertes. Qu’est-ce que les gens ont fait ? Les agents de la mairie se promenaient de cours en cours des étrangers pour leur donner des extraits de naissance Tous ceux qui étaient venus de la Guinée et du Liberia ont eu des extraits de naissance. Résultat, ils sont sur notre liste électorale. Alors le président Bédié a vu, c’est pourquoi nous devons faire une réforme totale de la CEI, reprendre à zéro la liste électorale. Ils savent quand ils disent c’est bouclé c’est géré, c’est sur ça qu’ils comptent.», a poursuivi l’ancien maire de Man.