Phénomène gnambros : environ 300 arrestations à Yopougon

Kohan Kioshiko

LUTTE CONTRE LES GNAMBROS – Les autorités se sont lancées dans une guerre sans merci contre ces mafieux qui ont infiltré le milieu syndical du transport en commun. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase a été la mort d’un gendarme lâchement assassiné il y’a plus d’une semaine par des syndicalistes, au motif que l’agent des forces de l’ordre s’était ingéré dans une affaire concernant uniquement les syndicalistes. Dans la commune de Yopougon, le maire a annoncé le démantèlement des gares anarchiques où sont régulièrement stationnés ces individus communément appelés gnambros. Selon un premier bilan dévoilé par le préfet d’Abidjan, près de 290 personnes ont été interpellées dans les opérations de ratissages menées par la police à Yopougon.

La fin du phénomène gnambros dans la commune de Yopougon ne serait visiblement que pour quelques temps. Après l’assassinat du MDL Sony Tiékou Anderson, les autorités préfectorales et municipales ont décidé de prendre le taureau par les cornes, face à la prolifération du phénomène gnambros à Abidjan. Ces individus agissant au nom de syndicats mafieux prélèvent une certaine somme d’argent lors du chargement de chaque véhicule de transport en commun.

Le préfet d’Abidjan a fait le point ce jeudi dans la lutte contre le phénomène gnambros dans la commune de Yopougon. Rien que pour la demi-journée se sont près de 300 syndicalistes mafieux qui ont été interpellés par les forces de l’ordre : «Ce jour Jeudi 05 Septembre 2019, plusieurs gares de la Commune de Yopougon (Sable, SIPOREX, etc ) ont été bouclées par la Gendarmerie Nationale.

À cette heure 12h05, exactement 290 personnes ont été interpellées. Les filtrages en cours permettront de déterminer qui parmi ces personnes mènent des activités illicites ou criminelles. Des tickets illégaux, de la drogue et quelques armes ont été saisis.

L’opération est en cours dans la Commune de Yopougon.

Combattre le phénomène « gnambros » durablement requiert l’implication de tous, à commencer par les gestionnaires des Communes.

Faute de quoi les opérations d’envergure telles que celles démarrées aujourd’hui n’éradiqueront par ce phénomène, qui constitue un sujet d’inquiétude pour la sécurité publique et pour les populations d’Abidjan. », a confié le préfet d’Abidjan. Parallèlement à la lutte contre ce phénomène qui gangrène le milieu du transport en commun, les autorités s’activent également dans l’enquête sur la mort du maréchal de logis Tiékou Sony Anderson. Il avait été abattu avec son arme de service par des syndicalistes communément appelés gnambros, suite à son intervention dans une bagarre rangée qui les opposaient à des transporteurs. Selon les dernières informations dont nous disposons, le véritable instigateur de cette bagarre aurait été déjà identifié, mais pas encore interpellé : «Depuis un certain moment, on a un problème avec Doumbia Dramane, responsable des transporteurs à cause de la nouvelle ligne qui vient d’être créée. Ce dernier prétend que c’est lui qui a créé cette nouvelle ligne, donc il devrait encaisser sur les jours des transports…Jusqu’à ce jour, nous n’avons pas encore eu des nouvelles de Dramane qui s’est enfui lorsque le coup est parti». Dans la commune de Koumassi, le maire Cissé Ibrahim Bacongo n’a pas mis du temps à éradiquer ce phénomène dans le milieu syndical du transport en commun. Après une grosse bagarre entre syndicalistes, le maire a signé un arrêté relatif à la suspension de toute activité syndicale dans sa commune, jusqu’à nouvel ordre.

L’aide de l’Etat sollicité face aux gnambros

Réagissant à la mort du MDL Tiékou Anderson, «Le CNDH condamne vivement ce énième acte de violation des Droits de l’Hommes occasionné par les gnambros, qui sévissent impunément aussi bien dans toutes les communes du District Autonome d’Abidjan qu’à l’intérieur du pays. Le CNDH invite le Gouvernement et les collectivités territoriales, à prendre toutes les dispositions nécessaires, en vue de lutter contre la corruption dans le secteur du transport et à éradiquer la violence ainsi que le phénomène des gnambros sur l’ensemble du territoire», déclarait il y’a quelques jours Namizata Sangaré, la première responsable de l’ONG.  

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