Polémique après la création d’un ministère de la riziculture

by Kohan Kioshiko

MINISTERE DE LA RIZICULTURE – A la faveur du remaniement ministériel qui a eu lieu en Côte d’Ivoire il y’a une semaine, le président ivoirien a donné son accord pour la création d’un département ministériel chargé du riz. Ce tout nouveau ministère détaché de l’agriculture devrait permettre au pays d’accélérer sa marche vers l’autosuffisance alimentaire. Mais la création d’un département ministériel exclusivement chargé de la gestion du riz suscite de nombreuses polémiques en Côte d’Ivoire. Plusieurs opposants ivoiriens ont dénoncé la création de ce nouveau ministère, arguant qu’il n’est pas utile pour une meilleure gestion de la filière du riz.

Le remaniement ministériel qui a récemment eu lieu en Côte d’Ivoire a été marqué par de nombreux changements. Parmi les plus importants, l’arrivée du ministre Adjoumani au ministère de l’agriculture, ministère qui ne sera désormais pas chargé de la gestion du riz. La raison, un nouveau ministère a été spécialement créé pour la gestion de la riziculture. Mais la création de nouveau département ministériel suscite de nombreuses polémiques en Côte d’Ivoire. Selon l’ancien ministre Gnamien Konan, la Côte d’Ivoire dépenserait environ 385 milliards de francs Cfa dans l’importation de riz. Avec la création d’un nouveau ministère spécialement chargé du riz, l’importation ivoirienne devrait reculer dans les années à venir. Mais ce département ministériel ne serait pas la véritable solution pour garantir l’autosuffisance alimentaire, à en croire certains avis.

La création du ministère de la riziculture en Côte d’Ivoire, lors du remaniement ministériel, divise au sein de la classe politique. Si l’initiative est saluée par plusieurs personnalités proches du pouvoir en place, de nombreux opposants au régime dénoncent la création d’un ministère inutile qui fera encore grossir le budget annuel de l’Etat. En réaction à la création de ce département ministériel, Gnamien Konan a indiqué que le président ivoirien avait opéré pour le mauvais choix, pour une meilleure gestion de la filière du riz : «Quand je dis pourquoi la Côte d’Ivoire qui a plein de bas-fonds peut dépenser 385 milliards pour importer du riz, alors que beaucoup d’autres Ivoiriens et moi-même mangeons du riz local? Ce que notre Président a compris, c’est de créer un cinquantième Ministère pour la promotion de la riziculture. Mais ce n’est pas ce qu’il faut faire, c’est moins coûteux et plus simple il faut interdire l’importation de riz ou augmenter les taxes sur le riz importé…On n’a pas besoin de créer un ministère pour ça. Il faut donner les moyens aux structures déjà existantes. Car pour le moment, le problème numéro un, c’est que les Ivoiriens préfèrent manger le riz importé. Et ce que je dis est en train d’être fait au Nigéria, renseignez-vous. Si ces 385 milliards que nous perdons en importation de riz sont dépensés ici, en consommation de riz local, nous mettrons automatiquement des dizaines de milliers de jeunes au travail au lieu de leur faire faire des études qui les conduisent tout droit au chômage». Et Gnamien Konan n’est pas le seul à proposer une revalorisation de la taxe sur le riz importé pour favoriser le marché local et réduire les importations du pays. Pour le journaliste ivoirien André Silver Konan, la création du ministère de la riziculture ne permettrait pas au pays d’atteindre l’autosuffisance alimentaire en riz. Le journaliste critique se montre lui aussi favorable à une revalorisation de la taxe sur les importations de riz à destination de la Côte d’Ivoire.

André Silver Konan propose une revalorisation de la taxe

«Gbagbo qui n’a pas de PHD en économie avait simplement compris qu’il fallait protéger les éleveurs nationaux. Il n’a pas eu besoin de nommer un ministre chargé de la Promotion de la volaille pour ça. Comme les pouvoirs passés (qui ont péché sur d’autres aspects économiques, précisons-le) n’ont pas eu besoin de créer un ministère chargé de la Promotion de la canne à sucre, pour savoir que la meilleure façon de doper la production nationale, était de protéger les producteurs nationaux (Sucaf, en l’occurrence) et de permettre à ceux-ci d’être performants sur ce marché protégé.
Je répète : créer un ministère chargé de la Promotion de la riziculture et laisser croire que c’est le seul moyen de parvenir à l’autosuffisance en riz, est un mensonge.», a indiqué le journaliste ivoirien.

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