Justin Katinan Koné – En exil comme de nombreuses personnalités de l’ancien régime, l’ancien ministre du budget sous Laurent Gbagbo laissait régulièrement entendre qu’il faisait l’objet d’un harcèlement judiciaire des nouvelles autorités de son pays. Après avoir saisi son conseil, une plainte avait été déposée l’année dernière par l’ancien ministre contre l’actuel régime qu’il accusait de vouloir procéder à son arrestation, bien qu’étant en exil. Dans un communiqué officiel diffusé dans la presse, le proche de Laurent Gbagbo a décidé de renoncé à sa plainte pour harcèlement contre le pouvoir actuel. Plusieurs raisons justifient cette décision, notamment la décision d’amnistie prise par le président Ouattara en août 2018, une ordonnance qui a permis à des centaines de pro-Gbagbo de recouvrer la liberté.
Justin Katinan Koné n’ira pas au bout de sa bataille juridique contre l’Etat de Côte d’Ivoire. En exil depuis l’arrestation de Laurent Gbagbo, l’ancien ministre et Vice-président du Front populaire ivoirien (dissidence), avait saisi l’année dernière la Commission des droits de l’homme et des peuples de l’Union Africaine. Dans ce recours déposé par son conseil camerounais, le cadre de l’ancienne majorité présidentielle indiquait qu’il était régulièrement victime d’harcèlement des nouvelles autorités ivoiriennes. Un peu plus d’un an après la plainte déposée contre l’actuel régime, l’ancien ministre de Laurent Gbagbo a décidé de revenir sur sa décision, sans pour autant révéler s’il envisageait de rentrer au pays comme de nombreux exilés politiques attendus ce jeudi dans la capitale économique ivoirienne.
En exil depuis l’arrestation de Laurent Gbagbo, Justin Katinan Koné indiquait que le pouvoir actuel cherchait sans cesse à procéder à son arrestation. Il y’a plus d’un an, des indiscrétions révélaient qu’il avait été mis aux arrêts au Cameroun, que son extradition vers la Côte d’Ivoire était en cours. Une plainte de l’ancien ministre de Laurent Gbagbo avait été déposée l’année dernière contre les nouvelles autorités ivoiriennes : «Devant le harcèlement policier et judiciaire à des fins politiques dont j’ai été victime depuis mon départ pour l’exil de la part des autorités ivoiriennes, j’avais instruit mon avocat, maitre Josette Kadji du barreau du Cameroun, de porter plainte à mon compte devant la Commission des Droits de l’Homme et des Peuples de l’Union Africaine. Le 26 mai 2018, elle a introduit une requête auprès de ladite Commission à l’effet de l’inviter à constater ce harcèlement qui constitue, à n’en point douter, une violation de mes droits d’exilé, appelé à vivre en paix dans son pays d’accueil et partout ailleurs», a indiqué le porte-parole de Laurent Gbagbo dans un communiqué. En dépit des nombreuses relances de la CADHP, l’ancien ministre n’a pu transmettre de plus amples informations sur sa plainte contre l’Etat de Côte d’Ivoire : «C’est donc volontairement que j’ai retardé la transmission des informations complémentaires que la commission me demandait pour trancher cette affaire, malgré deux relances de celle-ci ; l’une par lettre référencée ACHPR/COMM/694/18/CIV/619/19 du 7 juin 2019 et la dernière CADHP/COMM/694/18/CIV/1116 du 11 septembre 2019». Après s’être accordé un temps de réflexion, Justin Katinan Koné a décidé de renoncer à sa plainte pour harcèlement contre les autorités ivoiriennes.
Les raisons de l’annulation de la plainte
«Après observations, et tenant surtout compte de l’appel du Président Laurent GBAGBO à la réconciliation en Côte d’Ivoire, j’ai décidé de sursoir à mes poursuites de l’Etat de Côte d’Ivoire devant la Commission. Par conséquent, hier, le 24 septembre 2019, j’ai demandé à mon avocat de retirer momentanément ma plainte devant ladite Commission. Cette rétractation momentanée n’enlève en rien aux nombreuses atteintes portées pendant plusieurs années à mes droits. Il s’agit plutôt pour moi de faire l’écho de l’appel du Président Laurent GBAGBO à la réconciliation et de cesser toute posture qui pourrait s’assimiler à une sorte de belligérance. C’est ma part dans l’inévitable processus de réconciliation que le peuple de Côte d’Ivoire appelle de tous ses vœux.», a indiqué depuis le Ghana l’ancien ministre de Laurent Gbagbo. Pour l’heure, un retour au pays n’a pas encore été envisagé, alors qu’une centaine d’exilés politiques devraient rejoindre le pays ce jeudi.