Révision constitutionnelle en Côte d’Ivoire – A l’occasion d’une interview accordée à la veille de la fête d’indépendance, Ouattara Alassane confiait aux ivoiriens qu’il envisageait d’apporter quelques modifications à la Nouvelle constitution ivoirienne adoptée en 2016. Mais nul ne sait à ce jour sur quels articles porteront ces révisions annoncées par le chef de l’Etat. En réaction à cette annonce de Ouattara, Henri Konan Bédié a dénoncé un tripatouillage des lois fondamentales du pays, visiblement dans le but de recaler certains potentiels adversaires de son parti en 2020. Et la réponse du président ivoirien accusé par son ainé de vouloir faire du tripatouillage dans la nouvelle législation ivoirienne n’a pas tardé.
A treize mois de la prochaine présidentielle, le débat sur la révision constitutionnelle fait rage en Côte d’Ivoire. Le mois dernier, Ouattara Alassane annonçait que des réajustements seront apportés à la nouvelle constitution ivoirienne, sans s’étaler sur les textes qui seront réexaminés. Pour une partie de l’opposition ivoirienne, cette révision traduit une volonté manifeste d’écarter certains candidats de la course au fauteuil présidentiel l’année prochaine. Sans détour, le président du Pdci a lui aussi exprimé son inquiétude avec cette révision constitutionnelle annoncée par le dirigeant ivoirien. Dans une récente interview accordée à Jeune Afrique, le sphinx de Daoukro a révélé que son parti s’opposerait à ce qu’il qualifie de tripatouillage de la Constitution ivoirienne.
S’exprimant sur la révision constitutionnelle annoncée par Ouattara, Henri Konan Bédié avait dénoncé un tripatouillage des lois fondamentales du pays. Confirmée par le chef de l’Etat, cette révision pourrait porter sur la limite d’âge pour la présidentielle ivoirienne. Fixée à 75 dans la précédente législation, elle a été retirée de la nouvelle constitutionnelle votée par référendum par les ivoiriens en octobre 2016. En instaurant à nouveau cette disposition dans les lois fondamentales du pays, cela disqualifierait d’office Henri Konan Bédié de la course à la présidentielle, lui qui est aujourd’hui âgé de 85 ans. Taxé de tripatouilleur par son ainé la réponse du chef de l’Etat n’a pas tardé : «Tout le monde sait que Alassane Ouattara n’est pas un tripatouilleur, aussi bien en ce qui consiste la Constitution que pour autres choses. Nous avons des institutions. Nous n’avons pas encore eu ce débat au niveau du gouvernement. Il est évident qu’il doit avoir lieu, pour que nous voyions ensemble ce qui est important ou même urgent de modifier. J’ai toujours dis que cette modification tiendra compte de l’évolution de notre pays. Nous avons un pays dont 75% de la population a moins de 30 ans. Nous ne pouvons pas rester indifférents à cela. Nous avons dans toutes les grandes nations, des Chefs d’État qui ont entre 40 et 45 ans, y compris même en Afrique. Vous voyez le Président Ethiopien ! C’est donc un débat qui permettra d’arriver à des modifications.», a indiqué le chef de l’Etat. Poursuivant dans son intervention, Ouattara Alassane estime qu’il serait temps de passer le relai à la nouvelle génération.
Ouattara souhaite un transfert du pouvoir aux jeunes
«Vous connaissez ma position par rapport à l’avenir. Je suis pour le transfert du pouvoir à une nouvelle génération. Je dis toujours que nous autres, qui avons bénéficié de bourses dans le pays, qui avons eu notre premier emploi dès notre sortie de l’université, qui avons ensuite eu des hauts postes pendant 30 à 45 ans, il est normal que nous puissions, au moins, par gratitude à l’endroit de la population, de faire en sorte qu’une nouvelle génération prenne le relais. Mais, ceci étant, c’est un débat qui nous permettra d’arriver à cette décision», a poursuivi le président ivoirien. Quant à la question de savoir si cette révision interviendra avant ou après la présidentielle d’octobre 2020, pour l’instant c’est le grand mystère. A ce jour, ni Ouattara, ni Bédié, n’ont renoncé à une candidature au prochain scrutin. L’un comme l’autre, ils affirment réserver leur réponse pour plus tard, confiant leur sort à leurs différents partis politiques.