Interview de Bictogo – Après sa démission de la présidence de l’Assemblée Nationale, le président du comité politique s’est lancé dans une vaste opération reconquête dans le Nord du pays, considéré comme l’un des principaux fiefs du RHDP, le parti au pouvoir. Dans une interview accordée à Jeune Afrique, l’ancien ministre Adama Bictogo est revenu sur les conséquences que pourraient avoir le départ de l’ancien chef du parlement sur l’électorat du parti unifié, surtout dans le nord du pays. Pour l’homme d’affaires et politicien ivoirien, il ne faut pas craindre grand-chose du départ de l’ancien président de l’Assemblée Nationale, pour la simple raison qu’il n’aurait aucune conséquence sur l’électorat du parti unifié, car n’ayant jamais été militant actif du RDR.
Après son départ du parti unifié, Guillaume Soro est considéré par son ancienne famille politique comme un membre de l’opposition ivoirienne, même si un possible retour de l’ancien président de l’Assemblée Nationale reste toujours possible. Pour ses partisans, il sera leur candidat à la prochaine présidentielle en Côte d’Ivoire, présidentielle qu’il va remporter selon ces derniers. Mais le pouvoir en place n’est guère de cet avis, puisque Guillaume ne dispose d’aucun électorat solide en Côte d’Ivoire. Dans une interview accordée à Jeune Afrique, l’ancien ministre Adama Bictogo s’est montré sans pitié pour l’ex-chef du parlement ivoirien, déplorant son alliance qu’il envisage de tisser avec certains opposants pour 2020.
Dans son entretien accordé à Jeune Afrique, Adama Bictogo a fait de nouvelles révélations sur l’ancien premier ministre Guillaume Soro. Après son refus de rejoindre le parti unifié, il a rendu en février sa démission de la présidence de l’Assemblée Nationale, pour tracer sa propre voix. Réclamé par ses partisans pour se présenter en 2020, Guillaume n’a pas encore confirmé sa candidature. Mais une chose reste certaine, il aura besoin d’alliés pour aller à la reconquête du pouvoir d’Etat. Et à la recherche d’alliés, il pourrait très bien nouer une alliance avec Bédié et le FPI de Laurent Gbagbo, deux partis qui projettent de se donner la main pour combattre le RHDP en 2020. Cette alliance à trois a vivement été déplorée par Adama Bictogo, l’ancien ministre ivoirien : «Guillaume Soro n’a pas un électorat aussi important qu’on le pense . Il essaie de victimiser pour avoir le suffrage de quelques uns de nos partisans , mais il n’a jamais été très actif au sein du rassemblement des républicains. Il a fait son choix je le respecte . La seule chose que je ne respecte pas , c’est le manque de constance . On ne peut pas mener une bataille contre l’ivoirité , contre l’exclusion d’une partie des ivoiriens , militer pour la justice pendant des années et s’allier avec ceux qui ont justement prôné tout ce contre quoi on s’est battu . Alors soit nous étions dans une relation de dupe soit il s’est engagé dans une démarche d’escroquerie morale du peuple. Je crois qu’il renie ses valeurs au nom de son ambition personnelle. Les gens comme lui ne peuvent pas nous faire douter».
Le RHDP minimise le départ de Guillaume Soro
Le RHDP a-t-il perdu un solide soutien avec le départ de Guillaume Soro ? Sur la question, les partisans de l’ancien président de l’Assemblée Nationale et ceux du pouvoir en place, en l’occurrence son ancienne famille politique (RDR), restent divisés. Pour ses partisans, Guillaume Soro a emporté avec lui l’électorat du nord, une situation qui pourrait fragiliser le RHDP dans le grand nord, pendant la présidentielle de 2020, si Soro se présentait contre le régime actuel. Mais les cadres du RDHP, en l’occurrence ceux du nord, minimisent le départ de Guillaume Soro, et affichent une sérénité pour 2020. Dans une récente interview, la maire de la commune d’Odienné expliquait que le départ de Soro n’aurait aucune incidence sur l’électorat du parti au pouvoir lors de la prochaine présidentielle. Mais le départ de Soro n’est pas encore définitif, puisque des bruits de couloir ont annoncé une médiation le mois dernier avec le pouvoir en place.