Cour Pénale Internationale – Acquitté en janvier dernier par deux des trois juges de la première instance, Laurent Gbagbo est toujours dans l’attente de sa libération définitive. Mais l’affaire a été conduite devant la Chambre d’appel, suite à une décision de la Procureure Fatou Bensouda de contester l’acquittement de l’ancien dirigeant ivoirien. En attendant que le mémoire de la défense soit transmis à la chambre d’appel, le FPI indique dans un communiqué que l’Etat ivoirien aurait saisi la CPI pour s’opposer à la libération sans conditions de l’ex-dirigeant évoquée en première instance.
Le front populaire ivoirien, tendance Laurent Gbagbo, n’a pas mis du temps à réagir aux récentes informations faisant état d’une possible immixtion de l’Etat de Côte d’Ivoire au procès de l’ancien dirigeant à la Cour Pénale Internationale. Acquitté en première instance en début d’année, l’ancien dirigeant n’a toujours pas regagné son pays, puisque la Procureure a décidé de faire appel de cette décision. Le mémoire justifiant l’appel à d’ailleurs été déposé début octobre par la gambienne Fatou Bensouda. Il ne reste plus qu’à la défense d’apporter ses arguments avant que la Chambre d’appel ne se prononce sur l’issue de ce procès. Après avoir confirmé la condamnation de l’ancien dirigeant ivoirien, l’Etat ivoirien est actuellement accusé d’ingérence dans le procès de l’ex-dirigeant à la CPI. En cause, un courrier que le régime actuel aurait transmis à la CPI pour dire non à la libération sans conditions de l’ancien président ivoirien prononcée en janvier par la majorité des magistrats de la première instance.
La réaction du FPI au nouveau rebondissement dans le procès de Laurent Gbagbo n’aura pas tardé. Il s’agit ici de la réaction de l’aile dissidente du front populaire ivoirien, dont Assoa Adou assure la direction générale. Dans un communiqué fait à la presse, le secrétaire général du FPI tendance Gbagbo, a d’abord rappelé les circonstances de l’acquittement de l’ancien dirigeant ivoirien : «Le 15 janvier 2019, les juges de la chambre de première instance de la CPI ont acquitté le président Laurent GBAGBO et le ministre Charles Blé GOUDE de toutes les charges alléguées contre eux et ont ordonné leur libération immédiate et sans condition. Mais, contre toute attente, par des manœuvres politiciennes, loin des considérations de droit, les juges de la chambre d’appel ont imposé des conditions restrictives à la liberté du président Laurent GBAGBO et du ministre Charles Blé GOUDE, en attendant un éventuel appel de la Procureure». Cette décision d’acquittement a été de nouveau contestée par Fatou Bensouda, qui a demandé à la chambre d’appel de faire annuler le verdict des juges de la majorité. Alors que tous attendent la décision de la chambre d’appel, l’Etat ivoirien est accusé par le FPI de vouloir maintenir l’ancien dirigeant loin de son pays : «Alors que la question reste pendante devant la chambre d’appel de la CPI, le Front Populaire Ivoirien et la plateforme EDS apprennent avec stupéfaction et indignation, que l’Etat, c’est-à-dire, le gouvernement ivoirien vient de s’inviter assez curieusement au débat en s’opposant, à travers un courrier adressé à la CPI, le 25 octobre 2019, à la libération sans condition, telle que requise par la défense du président Laurent Gbagbo», explique Assoa Adou. Pour le secrétaire général du FPI tendance Gbagbo, «par ces agissements, le RDR et son président, Alassane Ouattara, viennent de faire tomber, enfin le masque derrière lequel ils n’ont pas arrêté de manipuler la procureure de la CPI dont le cuisant échec crée aujourd’hui une grande panique dans leurs rangs».
Une intrusion qui date de longtemps
«Avec cette intrusion de l’Etat ivoirien dans cette affaire, nous pouvons affirmer, sans risque d’être contredits, que l’appel nocturne de dernière heure contre la décision de libération immédiate ordonnée par les juges suite à leur décision d’acquittement, tout comme la demande scandaleuse du procureur qui demande l’annulation pure et simple de toute la procédure, qui dure depuis 8 ans, et la remise en ses mains de l’affaire ont été tous téléguidés par le gouvernement ivoirien.», a fait savoir Assoa Adou dans son communiqué relatif au nouveau rebondissement à la CPI.