Réforme du Franc Cfa – Très attendu par certains intellectuels africains, la réforme de l’ancienne monnaie coloniale, bientôt remplacée par l’ECO, a été conjointement annoncée par le président ivoirien Ouattara Alassane et son homologue français Emmanuel Macron, lors d’une visite d’Etat de l’actuel locataire de l’Elysée en Côte d’Ivoire.
Présenté au départ comme la monnaie commune de la CEDEAO, l’Eco vient d’être adopté par les pays membres de l’Uemoa comme nouvelle devise. C’est au cours de la visite d’Etat d’Emmanuel Macron en Côte d’Ivoire que la réforme du franc Cfa a été conjointement décrété par les dirigeants français et ivoiriens. Cette annonce a suscité diverses réactions mitigées. Si les opposants au franc Cfa ont salué une énorme avancée dans la lutte pour l’indépendance financière de certains pays africains, il reste encore beaucoup à faire pour atteindre ce but. Pour les plus radicaux, l’Eco ne constitue qu’un changement de nom sans de véritable réformes monétaires à l’arrière, puisque la nouvelle devise qui sera mise en service dès l’année prochaine, selon Ouattara Alassane et Emmanuel Macron, sera sans l’ombre d’un doute arrimé à l’Euro, la devise commune de plusieurs pays européens dont la France. La question de la parité fixe et flottante divise pour l’instant au sein de la Cedeao, car certains pays se montreraient plutôt favorable à une parité flottante qu’à la fixité de la nouvelle monnaie qui, pour l’heure, ne sera adoptée que par les pays huit pays membres de la zone UEMOA, et ce à partir de 2020.
En 2020, l’Eco remplacera le Franc Cfa en Côte d’Ivoire et dans les autres pays membres de l’UEMOA. La fin de la devise africaine, considérée par certains comme l’un des derniers symboles de l’oppression coloniale, a été officiellement décrétée samedi dernier. C’est à l’occasion d’une visite d’Etat du président Macron en Côte d’Ivoire que la réforme monétaire a été officiellement annoncée, en présence du chef de l’Etat Ouattara Alassane : «J’ai souhaité engager la France dans une réforme historique et ambitieuse de la coopération entre l’union économique et monétaire ouest africaine et notre pays. Nous le faisons pour la jeunesse africaine.», a rapporté le président français sur son compte Twitter. En dépit de cette énorme avancée dans la lutte contre la monnaie coloniale, l’annonce faite par Macron et Ouattara laisse encore certains économistes sur leur soif. C’est le cas de Mamadou Koulibaly, ancien président de l’Assemblée Nationale ivoirienne : «Déclarer que le CFA est mort, c’est vraiment politique, alors qu’il s’agit d’une question sérieuse, financière, monétaire. Le CFA n’est pas mort, puisque ce matin, à Dakar, à Ouaga, à Lomé, les gens continuent d’utiliser le CFA et pourront l’utiliser encore pendant longtemps…C’est ce qui est décevant. On a l’impression que pour calmer les pressions des opérateurs économiques, des hommes d’affaires qui s’inquiètent des difficultés de la zone CFA, les chefs d’État se disent « bon on va leur balancer quelque chose, ils vont s’amuser avec et puis pendant ce temps on continue. » Personne n’est dupe.», a déclaré l’opposant ivoirien joint par RFI. Mais au Burkina Faso, on fait une lecture beaucoup plus positive de cette réforme du Franc Cfa qui sera remplacée par l’Eco dès l’année prochaine.
Une évolution positive selon Ablassé Ouedraogo
Si les réactions semblent plutôt mitigées au pays des hommes intégrès, Ablassé Ouédraogo, ancien ministre des affaires étrangères, accueille avec une grande ferveur cette réforme monétaire ouest africaine : «Je pense qu’il faut être honnête et reconnaître que c’est une évolution positive, attendue depuis longtemps. Que va-t-il se passer ? Les Africains prennent un peu plus d’indépendance dans la gestion de leur économie. Mais ce qui est important dans cette opération, c’est que toute monnaie ne vaut que ce que vaut l’économie. C’est une question de confiance et de crédibilité. [Avec] la parité avec l’euro, la stabilité est maintenue, la possibilité de faire des prévisions est maintenue et ça c’est très bien pour les investisseurs qui viennent de l’extérieur. C’est très positif.», a-t-il confié à nos confrères de RFI dans la matinée de ce lundi.