Nouvelle monnaie ECO – A l’occasion de la visite d’Etat d’Emmanuel Macron en Côte d’Ivoire, Ouattara Alassane a annoncé en présence de son homologue français, l’adoption d’une nouvelle monnaie baptisée ECO, par les pays de la zone UMOA, dès l’année 2020. Annoncé au départ comme une devise monétaire propre aux pays de la zone CEDEAO, l’Eco suscite déjà des réactions mitigées sur son avenir.
La réforme du Franc Cfa annoncée par Ouattara Alassane sera une réalité à compter de l’année 2020. L’information a été révélée au cours de la dernière visite d’Emmanuel Macron en Côte d’Ivoire. En attendant d’en savoir davantage sur la mise en circulation de cette nouvelle monnaie dans la zone UMOA, le président ivoirien a fourni de plus amples informations sur l’ampleur de la réforme qui sera engagée. Outre le changement de nom, les représentants français qui siégeaient à la BCEAO seront retirés des instances décisionnelles. En plus, les réserves des pays membres qui étaient détenus dans les comptes du trésor français seront également retirés, autant de garantie qui ont poussé le Ghana à s’intéresser de près à cette nouvelle devise ouest africaine. Mais la réforme du franc Cfa annoncée par Ouattara Alassane suscite de nombreuses polémiques, d’autant plus que des économistes révèlent que les véritables réformes attendues, notamment celle de la fixité de la monnaie ouest africaine, restent encore floues. Dans une interview exclusive accordée à un média en ligne, Dacoury-Tabley Philippe, ancien gouverneur de la BCEAO, a émis quelques réserves les grandes annonces de cette transition monétaire dans la zone Umoa.
La réforme du franc Cfa était très attendu sur le continent africain. Si les dirigeants de la zone CEDEAO se sont réunis plusieurs fois pour évoquer l’idée d’une monnaie unique, ce sont les pays de la zone UMOA qui franchiront en premier cette nouvelle étape vers une devise propre à la communauté économique ouest africaine. Selon nos confrères de RFI, «Les liens techniques avec la France sont en grande partie coupés, c’est-à-dire que Paris ne cogérera plus la monnaie de ces huit pays. Les réserves de change ne seront plus centralisées par la France et l’obligation de verser 50 % de ces réserves sur le fameux compte d’opération du Trésor français disparait». Mais cette rupture avec l’ancienne colonie sur le plan monétaire n’est définitive selon Dacoury-Tabley Philippe, ancien gouverneur de la Banque centrale des états de l’Afrique de l’ouest. Dans un entretient accordé à L’Horizoninfo, l’ancien cadre de la BCEAO pointe du doigt certains éléments essentiels qui n’ont pas été pris en compte dans cette réforme : «Pour apprécier la réforme proclamée par Macron et Ouattara, il est utile de rappeler que la coopération monétaire entre la France et les pays africains de la Zone Franc est régie par quatre grands principes fondamentaux : la garantie de convertibilité illimitée du F CFA, la fixité de la parité par rapport à l’Euro, la libre transférabilité des capitaux et la centralisation des réserves de change. Ce sont ces quatre piliers qui fondent la Zone Franc. Sur ces quatre piliers, la réforme annoncée par Macron et Ouattara ne touche qu’un seul élément, à savoir la centralisation des réserves de change, le moins essentiel des quatre principes pour la France. Dans tous les cas, c’est un principe dont la suppression était déjà programmée et amorcée…La réforme rendue publique n’a touché, ni à la garantie de convertibilité du F FCFA, gros leurre, qui infantilise les pays africains; ni à la fixité de la parité…», révèle l’ex-gouverneur de la BCEAO.
L’ECO, de la poudre aux yeux
«Ce qui a été annoncé n’est ni une réforme, ni une réformette. C’est rien du tout, ou plutôt c’est de la prestidigitation, de la poudre aux yeux. Voyons! On débaptise le F FCFA et on le rebaptise ECO et on croit que c’est tout, le tour est joué. Un nom ne change pas la nature de la chose nommée.», a indiqué l’ancien gouverneur de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest.