Poursuites contre Guillaume Soro – Alors qu’il tentait de regagner son pays le 23 décembre dernier, l’ancien chef du parlement ivoirien a fait route vers une nouvelle destination. Dans la soirée, le Procureur de la République notifiera à l’opinion publique qu’un mandat d’arrêt international a été émis contre Guillaume Soro, soupçonné d’avoir planifié une tentative de déstabilisation visant la Côte d’Ivoire et même le président de la République.
Amnesty International a réagi à l’affaire qui oppose le camp Soro au gouvernement ivoirien depuis deux semaines. Après le retour manqué de l’ex-Pan, plusieurs partisans de ce dernier ont été mis aux arrêts par les forces de l’ordre. Après plusieurs jours de détention à la MACA, les détenus ont été pour certains, transférés dans de nouvelles prisons. L’organisation de défense des droits de l’homme s’est interrogée sur les réelles motivations des poursuites judiciaires visant Guillaume Soro, mais aussi sur les raisons de l’interpellation de plusieurs proches de l’ancien chef du parlement ivoirien. Rappelons que ce dernier est candidat à la présidentielle d’octobre 2020 en Côte d’Ivoire. Le mandat d’arrêt émis à son encontre en Côte d’Ivoire, à moins d’un an de la prochaine élection ivoirienne, suscite diverses réactions. Certains y voient une volonté du pouvoir actuel d’éliminer de la course au scrutin présidentiel l’ancien président de l’Assemblée Nationale considéré par ses militants comme l’un des principaux favoris de cette échéance électorale. Dans son communiqué sur les poursuites visant Guillaume Soro et certains membres de sa ceinture rapproché, Amnesty International a invité le régime actuel à garantir aux détenus un procès équitable.
Guillaume Soro fait l’objet d’un mandat d’arrêt international en Côte d’Ivoire depuis le 23 décembre dernier. Outre l’ancien chef du parlement ivoirien, nombre de ses partisans et proches ont été mis aux arrêts par les forces de l’ordre, en marge de la journée mouvementée d’accueil du président du GPS en Côte d’Ivoire. Ces interpellations en masse de plusieurs proches de Guillaume Soro ont fait réagir Amnesty International. L’organisation de défense des droits de l’homme a souhaité une transparence dans le déroulement des procès des personnes interpellées : «Les autorités de Côte d’Ivoire doivent garantir le droit à un procès équitable aux membres de l’opposition et leurs proches qui ont été arrêtés ces deux dernières semaines et veiller à ce que ces personnes puissent consulter leurs avocats et bénéficier de soins médicaux…Treize personnes ont été inculpées de « diffusion et publication de nouvelles fausses (…), de trouble à l’ordre public ; et, d’atteinte à l’autorité de l’Etat ». Pendant qu’ils étaient en détention, les forces de sécurité ont perquisitionné le domicile de plusieurs des détenus, sans mandat.», rapporte l’ONG dans un communiqué officiel. François Patuel, chercheur à Amnesty International en région d’Afrique de l’ouest, a invité les autorités ivoiriennes à révéler de plus amples informations sur le sort de Soro Rigobert, un commissaire de police interpellé.
Des poursuites à relent politique ?
«Le fait de soumettre des personnes à une disparition forcée et d’empêcher des détenus de consulter leurs avocats constitue une grave violation des droits humains et une tentative éhontée d’intimider les voix de l’opposition », a poursuivi François Patuel, chercheur pour le compte d’Amnesty International. L’organisation s’interroge d’ailleurs sur les véritables raisons de l’interpellation des partisans de Guillaume Soro, à moins d’un an de la prochaine présidentielle ivoirienne : «Le moment choisi pour lancer une procédure judiciaire contre Guillaume Soro et les arrestations de ses sympathisants et proches sont suspects. Compte tenu des irrégularités des procédures, il ne serait pas surprenant que ces poursuites soient motivées par des considérations politiques…Rigobert Soro aurait été arrêté à l’École Nationale de Police, où il avait été convoqué, le 30 décembre, et serait en détention à la Direction de la Surveillance du Territoire (DST), mais les autorités ont refusé de confirmer sa détention. Dahafolo Koné a été arrêté le 27 décembre et est détenu au camp de gendarmerie d’Agban.», note l’organisation dans un communiqué officiel.