Marche des évêques – Annoncée pour le 15 février prochain, la mobilisation du clergé catholique dans la capitale économique ivoirienne n’aura finalement pas lieu. Au nom de la paix en Côte d’Ivoire, le clergé catholique ivoirien avait annoncé une grande marche le mois prochain dans la commune du Plateau, quelques jours après la 114e Assemblée de l’Eglise catholique à Korhogo.
La marche des évêques en Côte d’Ivoire, une manifestation qui avait reçu la caution de certains partis de l’opposition, vient d’être annulée. Dans un communiqué dévoilé la semaine dernière, le clergé catholique ivoirien invitait les fidèles à une manifestation pacifique dans la commune de Plateau pour la paix en Côte d’Ivoire, à la faveur des présidentielles à venir. Cette initiative avait suscité quelques dissensions au sein de la classe politique ivoirienne. Certains opposants, à l’instar de Doumbia Major, ont vivement dénoncé cette marche annoncée par le prélat catholique ivoirien. Le président du CPR annonçait même son intention de déposer une plainte contre l’Etat, si cette manifestation était autorisée. Dans le même temps, le PDCI RDA, parti ayant basculé dans l’opposition après quelques années de cogestion du pouvoir avec le RDR, appelait ses partisans à s’associer à cette marche de la paix annoncée par les évêques, une manifestation qui devait réunir environ 20 000 fidèles dans la commune de Plateau. Mais aux dernières nouvelles, une séance de prière sera organisée en lieu et place de cette manifestation.
L’annulation de la marche des évêques en Côte d’Ivoire suscite diverses réactions. Pour les partisans du pouvoir ayant appelé à l’annulation de cette manifestation, ce volte-face de l’église catholique sonne comme une victoire, d’autant plus que cette manifestation était considérée comme une action politique menée par le clergé contre le régime actuel. En conférence de presse, l’abbé Augustin Brou donnait les raisons de l’annulation de cette marche du prélat catholique : «Pour la paix, l’évêque ne va pas jeter des jeunes à la pâture devant des gens inconscients et incontrôlés… Nous n’avons subi aucune pression(…) nous n’avons aucun problème avec le ministère… Le courrier annonçant la marche a été dépose au ministère de l’intérieur. Il a été réceptionné depuis un certain temps. Le ministère ne nous a pas dit que la marche était interdite, il ne nous a pas aussi dit que c’était autorisé. L’église ne peut servir de caisse de résonance à quelque association ou groupe que ce soit…Nous avons pris cette décision à cause de ce qui se passe sur les réseaux sociaux», indiquait l’église catholique dans son communiqué. A l’annonce de cette marche dite pacifique, plusieurs internautes s’étaient illustrés sur la réseaux sociaux par des menaces proférées à l’endroit des catholiques. C’est au nom de ces nombreuses menaces que le clergé catholique aurait décidé de renoncer à sa marche dans la commune de Plateau. En lieu et place de cette manifestation, une séance de prière pour la Paix aura lieu à la même date à la cathédrale de la commune de Plateau.
La réaction d’André Silver Konan
Le journaliste ivoirien n’a pas manqué de réagir à l’annulation de la marche des évêques. Contrairement aux partisans du RHDP qui considèrent ce recul comme une victoire du régime en place, le journaliste estime pour sa part que le signal envoyé par les évêques ont réussi leur pari : «Que retenir après la « sage » décision de la hiérarchie de l’Eglise catholique d’Abidjan, d’annuler sa marche priante et de se limiter à prier uniquement à la cathédrale ? Une ou deux choses choses. La première c’est que c’est bel et bien une reculade. Mais l’Eglise n’a pas vocation à « envoyer les jeunes en pâture » (dixit). Cela est donc une victoire pour certains partisans du RHDP qui ont publiquement appelé à son annulation, à travers des menaces voilées ou directes. La deuxième est que certains partisans du RHDP peuvent bien jubiler, mais je ne suis pas sûr que cette annulation a contribué à faire gagner des supporters au parti d’Alassane Ouattara. Bien au contraire.», rappelle Silver Konan.