Présidentielle 2020 Côte d’Ivoire : l’élection de tous les dangers ?

Kohan Kioshiko

Election en Côte d’Ivoire – Il y’a environ neuf ans, 3000 personnes périssaient dans les violences post-électorales nées après les élections présidentielles d’octobre 2010. Si le prochain scrutin présidentiel qui a suivi cette période de crise s’est déroulé sans encombre, certains analystes et fins connaisseurs du paysage politique ivoirien estiment que les ivoiriens n’ont visiblement trié aucune leçon de la douloureuse expérience de 2010.

La présidentielle de 2020 en Côte d’Ivoire attise depuis l’année dernière les tensions entre le régime actuel et l’opposition. Après deux mandats, le parti présidentiel envisage de solliciter auprès des ivoiriens un nouveau quinquennat pour pérenniser les acquis du président actuel en termes de développement. Avec la recomposition de la classe politique ivoirienne, le pays avance à grands pas vers des élections qui suscitent une vive inquiétude chez certains électeurs, surtout après la douloureuse expérience de 2010 qui a coûté la vie à plus de 3000 personnes selon les rapports officiels. En dépit des craintes et réserves, le président Ouattara se veut rassurant sur le bon déroulement du scrutin présidentiel à venir, un scrutin auquel sa participation reste pour l’instant hypothétique. Malgré les discours rassurants du camp présidentiel, les tensions politiques sont de plus en plus récurrentes, surtout avec l’arrestation de certaines figures de l’opposition, des arrestations qualifiées d’arbitraire par les opposants. Ajouté à cela la défiance de certains partis d’opposition à l’égard de la nouvelle commission électorale, tous les ingrédients semblent être réunis pour aller vers des élections catastrophiques, selon l’ex-directeur Afrique de l’ouest d’Amnesty International. Pour Alioune Tine, les ivoiriens n’ont pas tiré les leçons de la présidentielle d’octobre émaillée de violences sans précédents ayant fait des milliers de morts.

Pour l’opposition ivoirienne, 2020 sera indiscutablement l’année de l’alternance politique en Côte d’Ivoire. Dans le camp présidentiel, on affirme plutôt le contraire à l’approche de la prochaine présidentielle ivoirienne. Les propos de l’ex-directeur Afrique de l’ouest d’Amnesty International, recueillis par notre confrère Martin Mateso pour la rédaction de Franceinfo, soulignent le pessimisme de certains observateurs sur le bon déroulement de ce scrutin très attendu : «L’histoire ivoirienne est un perpétuel recommencement. Et j’ai comme l’impression que personne n’en tire les leçons, surtout Alassane Ouattara qui a souffert, qui a été exilé. On pensait qu’après ce qui s’est passé avec Gbagbo, il serait l’homme du rassemblement, de la réconciliation et de l’unité…Parce que tous ceux qui ont exercé le pouvoir en Côte d’Ivoire ont l’égo surdimensionné. Que ce soit Bédié, que ce soit Ouattara. C’est en fait une culture en Afrique de l’Ouest. On a en fait des présidences de droit divin. Ce sont des dieux vivants. Ils pensent qu’ils sont éternels», révèle Alioune Tine au média français. S’il reste persuadé de la légitimité d’une nouvelle candidature, le président ivoirien joue la montre concernant son agenda politique en 2020. Interrogé à diverses reprises, Ouattara Alassane affirme qu’il donnera sa réponse sur son troisième mandat en 2020, alors qu’une partie de l’opposition remet toujours en question cette troisième candidature à la présidentielle d’octobre prochain.

Des candidats écartés avant la présentielle de 2020 ?

En Côte d’Ivoire, des voix s’élèvent depuis quelques mois au sein de l’opposition face au projet d’une révision constitutionnelle qui interviendrait dans le courant du premier trimestre de l’année 2020. Pour l’opposition, le régime actuel qui contrôle majoritairement les deux chambres parlementaires, envisagerait d’écarter à travers cette révision de la Constitution ivoirienne, certains potentiels adversaires, en l’occurrence Henri Konan Bédié, patron du PDCI, ou encore Guillaume Soro, ex-numéro du régime Ouattara. En réinstaurant l’ancienne limite d’âge à la fonction présidentielle, Henri Konan Bédié, présenté par certains cadres de son parti comme l’homme de la situation en 2020, pourrait dire adieux à ses chances de redevenir président de la République. Aussi, avec la révision du code électoral, certains candidats craignent une disqualification d’office à la course au fauteuil, puisque la caution exigée pour une candidature, devrait passer de 20 à 100 millions de francs Cfa, sans oublier éventuellement l’instauration d’un système de parrainage comme on le voit au Sénégal.

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