Réforme constitutionnelle en Côte d’Ivoire – Annoncé depuis l’année dernière par le président ivoirien, la révision de la Constitution ivoirienne est depuis quelques semaines au cœur des débats entre les parlementaires ivoiriens. Opposé à cette réforme, l’opposition parlementaire s’est tout simplement retirée des discussions sur ce projet. Pour Guillaume Soro, Ouattara prépare un scénario similaire à celui de Vladimir Poutine.
Guillaume Soro s’est récemment confié dans une longue interview accordée au quotidien français Le Figaro. Comme il fallait s’y attendre l’ancien chef du parlement ivoirien a été interrogé sur la révision constitutionnelle en cours dans son pays, une réforme combattue par l’opposition. Celle-ci a déjà organisé une grande manifestation dans la journée du dimanche 15 mars dernier pour dire à cette révision de la Constitution ivoirienne adoptée en novembre 2016. Pour Guillaume Soro, Ouattara Alassane entend à travers cette révision constitutionnelle, se maintenir encore au pouvoir pendant les cinq prochaines années. Après avoir renoncé à une candidature, le président ivoirien pourrait bien écoper d’un poste de Vice-président en cas de victoire du candidat de son parti à la prochaine présidentielle d’octobre 2020, puisque le candidat élu à la prochaine élection devrait avoir les pleins pouvoirs pour nommer son vice-président, ce qui n’est pas encore le cas avec l’actuelle Constitution qui stipule que le président doit être élu au même titre que le Vice-président au suffrage universel. Guillaume Soro soupçonnerait ainsi le président ivoirien de vouloir faire élire son premier ministre qui, une fois aux commandes, le nommera en tant que Vice-président de la République de Côte d’Ivoire.
Pour Guillaume Soro, Ouattara Alassane n’a pas encore renoncé à la présidentielle d’octobre 2020, en dépit de son retrait de la course à la prochaine élection ivoirienne. Pour l’ancien chef du parlement ivoirien, le président ivoirien sortant briguerait actuellement le poste de vice-président de la République : «Absolument pas. Alassane Ouattara est en train de procéder à une entourloupe digne de Vladimir Poutine quand, en 2008, ce dernier s’est fait remplacer par Dmitri Medvedev à la tête de la Russie avant de revenir à la présidence en 2012. D’ailleurs, Poutine s’apprête à récidiver en changeant la constitution de son pays afin de se garder une place centrale le jour où il quittera le Kremlin», explique l’ancien chef du parlement ivoirien dans une interview accordée au Figaro. Le président du GPS soutient ses propos par la révision constitutionnelle que prépare actuellement le régime ivoirien : «Alassane Ouattara veut propulser son actuel premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, à la présidence et se réserver la possibilité que ce dernier le nomme ensuite vice-président, poste créé par la révision constitutionnelle. À l’origine, il était question que ce vice-président soit élu en même temps que le président dans le cadre d’un ticket, comme aux États-Unis. Alassane Ouattara a changé son fusil d’épaule, et sa ruse lui permet de faire croire à la communauté internationale qu’il ne se représente pas. En fait, il se ménage une place, ni vu ni connu. C’est du Poutine-Medvedev. Sauf que personne ne doit être dupe, ici, de cette mascarade.», a poursuivi l’ancien chef du parlement ivoirien dans son entretien. Si la révision constitutionnelle est approuvée par le parlement, alors le nouveau président élu aura le loisir de nommer son vice-président, un choix qu’il soumettra bien entendu l’approbation du parlement ivoirien.
La révision constitutionnelle, une forfaiture
«C’est un coup de force pour deux raisons. D’abord, pareille réforme exige normalement un long dialogue préalable avec le peuple, puis la formation d’une assemblée constituante qui planche sur la rédaction d’une nouvelle loi fondamentale. Deuxième raison: le règlement de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), à laquelle appartient la Côte d’Ivoire, interdit de modifier une constitution six mois avant la date d’une élection présidentielle. Ce sera pourtant le cas puisque la nouvelle loi fondamentale devrait être adoptée par le Congrès ivoirien au printemps et que le scrutin doit, en principe, avoir lieu le 31 octobre suivant. Cette révision constitutionnelle est une forfaiture, un déni de démocratie.», poursuit l’ancien chef du parlement ivoirien.