Révision constitutionnelle : le torchon brûle entre Guikahué et Ahoussou Jeannot

Kohan Kioshiko

Réforme de la Constitution – Réuni cette semaine dans la capitale politique, le congrès ivoirien a voté en faveur de la modification de la Constitution ivoirienne, un projet annoncé par Ouattara Alassane depuis l’année dernière. L’opposition parlementaire, composé des élus PDCI, Rassemblement et Vox Populi, ont annoncé leur retrait des discussions sur ce projet qui suscite de vives tensions entre le vice-président du congrès et le secrétaire exécutif du parti d’Henri Konan Bédié.

La révision constitutionnelle en Côte d’Ivoire a été approuvée par le Congrès qui s’est réuni dans la journée du mardi 17 mars dans la capitale politique ivoirienne. Par 246 votes pour, les élus ivoiriens ont cautionné le projet de réforme de la Constitution annoncée par Ouattara Alassane depuis l’année dernière. Soupçonné depuis des mois de vouloir écarter certains opposants, notamment en révisant l’âge limite pour participer à la présidentielle, le président ivoirien a démenti vouloir écarter des candidats. C’est seulement au début du mois de mars que le président ivoirien a donné de plus amples détails sur les articles de la nouvelle constitution qui feraient l’objet d’une révision. Comme il fallait s’y attendre, l’opposition ivoirienne a appelé les ivoiriens à dire non à ce projet qui permettra au président élu de nommer son vice-président, alors que l’actuelle législation stipule que le vice-président doit être élu au suffrage universel au même titre que le président de la République. Ahoussou Jeannot, transfuge du PDCI désormais membre du parti unifié, n’a pas manqué de répondre à l’opposition ivoirienne qui dénonce une réforme faite en violation des textes de la Cedeao.

«On ne peut pas s’improviser juriste. Qu’on lise l’article 2 du protocole de la CEDEAO dans son entièreté notamment en son alinéa 2. Le décompte se fait à partir du 31 octobre et non dans les actes préparatoires. Les actes préparatoires à une élection ne comptent pas. Je suis désolé de cette interprétation restrictive, partisane et partielle», indiquait Ahoussou Jeannot, président du Sénat ivoirien, par ailleurs vice-président du Congrès de Côte d’Ivoire. Cette réponse fait suite à des plaintes de l’opposition ivoirienne sur le processus de révision constitutionnelle approuvé par les élus des deux chambres. Pour nombres d’opposants, cette réforme devrait être invalidée, car faite en violation des textes de la CEDEAO. C’est en tout cas l’avis partagé par Guikahué, le secrétaire exécutif en chef du parti d’Henri Konan Bédié. En conférence de presse, ce dernier n’a pas manqué de répondre au président du Sénat, Ahoussou Jeannot Kouadio : «Lors de la conférence de presse de clôture des travaux du congrès du Parlement ivoirien, le mardi 17 mars 2020, le Président du Sénat, Me AHOUSSOU KOUADIO Jeannot, en réponse à la question d’un journaliste relative à la forclusion du Président de la République pour changer la constitution, a avancé entre autres : « Vous savez on peut s’improviser menuisier, mécanicien et tout mais on ne peut pas s’improviser juriste. Le droit c’est le droit, je suis désolé……  Monsieur le Président du Sénat, je suis plus désolé que vous car vous confondez le droit politique (constitution, code et loi électorale) et le droit des affaires ou droit pénal que je ne maîtrise pas, mais excusez-moi, d’abord à formation de médecin (médecine légale et organisation de la République enseignées à la Faculté de Médecine) et ensuite de syndicaliste et homme politique auprès des grands de ce pays ont forgé mon analyse des textes qui concernent la République.», a lancé le numéro 2 du parti de Bédié.

Jeannot un mauvais juriste ?

«Monsieur le Président, autant il se trouve de mauvais médecins, l’on peut aussi avoir de mauvais juristes et ma qualité de pédiatre m’a enseigné dans l’exercice de ma profession que les mamans par leur expérience orientent parfois le diagnostic du médecin. En toute chose, il faut non seulement être de bonne foi mais surtout être libre de ses opinions. Tout est une question d’humilité car la prétention et l’orgueil, sont les chemins de la perdition.», lance Guikahué.

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