Covid-19 en Côte d’Ivoire – Malgré une batterie de mesures prises, le nouveau coronavirus poursuit sa progression en Côte d’Ivoire. A ce jour, le pays approche de la barre des 900 cas confirmés, et devrait sans surprise franchir la symbolique barre des 1000 cas d’infection, un seuil que le Ghana reste pour l’instant le seul pays en Afrique de l’ouest à avoir franchi. Tiémoko Assalé se penche de nouveau sur cette crise sanitaire.
Le coronavirus en Côte d’Ivoire pourrait durer trois ou douze mois, c’est en tout cas l’analyse partagée par le journaliste ivoirien Tiémoko Assalé après les nouveaux cas d’infections signalés sur le territoire ivoirien. Sans surprise, le pays devrait atteindre la barre des 1000 cas d’infection au Covid-19 avant la fin du mois d’avril, si l’on se fie à la courbe d’évolution actuelle de l’épidémie sur le territoire. La bonne nouvelle reste le nombre en hausse de guérisons, mais surtout le faible taux de décès par rapport aux autres pays. Sur près de 900 cas d’infection au nouveau coronavirus, on ne dénombre qu’une dizaine de décès en Côte d’Ivoire.
«Devant la crise sanitaire inédite qui s’est abattue sur le monde et dont personne, à ce jour et concrètement, ne peut prédire quand elle finira et dans quel état elle laissera l’économie mondiale et principalement celle des pays africains, certains dirigeants ont tenté de faire le choix de l’économie contre la santé de leurs populations. Mal leur en a pris. Le gouvernement ivoirien, après quelques hésitations, semble maintenant appréhender toute la mesure de la situation. La santé des populations d’abord. Et, pour crédibiliser ce choix, il a annoncé une batterie de mesures allant de la fermeture de certains commerces (maquis, bars, boîtes de nuits, etc), à la suspension pour un trimestre, du paiement des impôts et des taxes forfaitaires des petits commerçants, histoire, à la fois de contrer la propagation du virus et de permettre aux acteurs économiques et notamment les PME, de tenir et de préserver l’outil de production. La difficulté, cependant, est que, le scénario du gouvernement ne tient que sur trois mois et part du principe que la crise finirait au plus tard, fin juin 2020.», a révélé le journaliste ivoirien Tiémoko Assalé. Malgré la batterie de mesures annoncées, l’incivisme et l’indiscipline des ivoiriens rendent la lutte contre cette épidémie encore plus difficile. Il y’a quelques jours, des éléments de la gendarmerie ont fait une descente dans un bar situé dans la commune de Yopougon, un bar bondé de monde dans la soirée, alors qu’un couvre-feu a été instauré depuis le mois dernier sur toute l’étendue du territoire national. Pour Tiémoko Assalé, «Sauf que, au regard de l’évolution du nombre de personnes contaminées, près de 1000 en un mois, il est manifeste que le scénario du gouvernement est déjà dépassé et que la crise, si d’autres mesures ne sont pas prises, et si la population, notamment celle vivant à Abidjan, ne change pas pour un temps certaines habitudes, la crise pourrait durer jusqu’en septembre 2020 voire au-delà. Dans une telle perspective, autant dire que ce serait la catastrophe pour tous. Déjà, des secteurs comme la distribution de boissons, le divertissement, l’hôtellerie, la restauration, le transport (notamment la liaison intérieur du pays-Abidjan), sont en voie d’effondrement total.», révèle le journaliste.
L’économie frappée de plein fouet
«Pour exemple, la mairie de Tiassalé, dont la quote-part d’impôts au bimestre janvier-février 2019, reversé fin mars 2019, s’élevait à 145 millions de Fcfa, se retrouve, fin mars 2020, avec une quote-part, au même bimestre en 2020, de seulement 6 millions de Fcfa, soit une chute de 96%. Quand on ajoute le fait que toutes les taxes des petits commerçants et artisans, de même que les impôts sont suspendus, on peut imaginer la suite pour l’ensemble des collectivités. Autant dire que pour 2020, seul le paiement des salaires des agents municipaux sera l’activité principale des collectivités en 2020.», rapporte le journaliste ivoirien.