Mort d’IB : Guillaume Soro rattrapé par ses vieux démons

Kohan Kioshiko

Plainte à Paris – Poursuivi par la justice ivoirienne pour complot contre l’autorité de l’Etat et détournement de fonds, l’ancien chef du parlement ivoirien fait l’objet d’une nouvelle plainte déposée depuis quelques jours à Paris. Des plaignants, parmi lesquels se trouverait la fille du sergent chef IB, assassiné peu de temps après la chute de Laurent Gbagbo, soupçonnent l’ancien président de l’Assemblée Nationale ivoirienne de crime de guerre, torture et assassinat. Le camp Soro n’a pas tardé à répliquer à cette nouvelle plainte par un recours en justice pour dénonciation calomnieuse.

Guillaume Soro est-il impliqué dans la mort du sergent-chef Ibrahim Coulibaly dit IB ? Au moment de l’assassinat du chef rebelle, l’ancien chef du parlement ivoirien était premier ministre ivoirien. Par ailleurs, un proche du mis en cause a récemment confirmé que des hommes armés fidèles à Guillaume Soro avaient pris les devants de l’opération de neutralisation du commandant IB, présenté à l’époque comme une potentielle menace pour le régime du président Ouattara. Dévoilant les raisons de cette plainte, l’une des avocats en charge de cette instruction contre Guillaume Soro a confié que cette plainte n’avait aucun rapport avec le calendrier électoral ivoirien actuel. L’ancien chef du parlement ivoirien a annoncé l’année dernière son intention de briguer la magistrature suprême dans son pays, une décision qui était très attendue par les nombreux mouvements politiques qui le soutiennent.

Il y’a quelques mois, un collectif de victimes à Abidjan mettait en garde contre des actions en justice à l’encontre de Guillaume Soro, ancien chef du parlement ivoirien : «Guillaume Soro est responsable de nombreux crimes dont IB, Bamba Kassoum dit Kass, Bakus, Soro Dramane, Djalma et ses 7 éléments égorgés, Koné Moussa dit barbus, Doh Félix, Koné Morel. À la vérité, celui qui se présente comme un agneau est un vrai criminel. Si nous, victimes montons au créneau, c’est pour vous informer que nous allons saisir la juridiction compétente afin que les âmes de ceux qu’il a assassinés reposent en paix. Aujourd’hui on pense que je roule pour une cause politique, moi je suis dans ma position et elle n’a pas changé depuis 2003. Je ne suis à la solde de personnes, je suis dans mon combat depuis 2003. Allez dire à Guillaume qu’il n’a réussi à nous tuer nous tous et qu’il y a des survivants.», révélait il y’a quelques mois Doumbia Kader, l’un des anciens collaborateurs de Guillaume Soro. Il y’a quelques jours, la presse française faisait état d’une plainte visant Guillaume Soro dans l’affaire IB. La mort du sergent-chef Coulibaly Ibrahim qui était présenté à l’époque comme un potentiel danger pour le régime Ouattara, a été orchestrée et planifiée pendant que Guillaume Soro était encore premier ministre de la Côte d’Ivoire. D’ailleurs, l’un de ses fervents partisans, a reconnu l’implication de certains militaires fidèles à Soro dans cette opération qui a coûté la vie au commandant IB. Dans un communiqué, les avocats des plaignants ont indiqué « qu’après de longues années d’impunité, cette plainte avec constitution de partie civile tend à ce que les responsabilités des auteurs, complices et autres donneurs d’ordres soient enfin exposées».

Plainte de la fille d’IB contre Soro

«On a des éléments pour nous, qui sont sérieux et qui nous permettent de déposer une plainte en France. Et on espère qu’une enquête sera menée et qu’on aura des réponses… Les victimes ont des raisons de soupçonner Guillaume Soro. La fille d’IB qui porte plainte, qui a 15 ans aujourd’hui, est Française. Elle ne comprend pas pourquoi les personnes qui ont commandité l’assassinat de son père, qui l’ont assassiné, n’ont jamais été entendues. Ce qu’on espère, c’est que Guillaume Soro, qui est en France sera entendu, qu’il aura à répondre des soupçons qui pèsent sur lui aujourd’hui et que la justice sera sereine pour traiter cette affaire.», a indiqué Me Noémie Saidi-Cottier. En Côte d’Ivoire, l’ancien chef du parlement ivoirien a été condamné à 20 ans de prison ferme le mois dernier.

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