Privatisation de la CIDT en Côte d’Ivoire : l’Etat ivoirien cède 80%

by Amani Georges

Le gouvernement ivoirien vient de donner son feu vert pour la privatisation de la CIDT en Côte d’Ivoire. Compte tenu des difficultés rencontrées par la Compagnie ivoirienne pour le développement des textiles, l’Etat a décidé de céder 80% de ses actifs à des investisseurs étrangers. L’objectif à terme est de récolter le financement nécessaire pour tenter de sauver la filière du coton tombée en ruine ces dernières années.

La privatisation de la CIDT en Côte d’Ivoire a été officiellement approuvée par l’Etat ivoirien le mardi 27 septembre 2016. Devant les nombreuses difficultés que traversent la filière du coton, le gouvernement envisage de se tourner vers des bailleurs de fonds étrangers pour tenter de sauver la Compagnie ivoirienne pour le développement des textiles. C’est dans ce cadre que les autorités ivoiriennes ont lancé depuis mardi une opération visant à concéder une partie des actifs de la société nationale aux investisseurs privés. Pour sauver des ruines la filière du coton, le gouvernement prévoit de céder 80% de ses actions au prochain repreneur de la compagnie ivoirienne. Mais la dénationalisation de la société ivoirienne créée en 1979 se fera de manière échelonnée. Une première partie des actifs (33,33%) sera concédée au repreneur cette année et les 46,7% d’actions restantes seront concédées à l’investisseur dès 2020.

Une privatisation pour récolter des fonds

« L’investisseur qui sera choisi devra, dès la signature du contrat de cession-acquisition de la tranche de 33,33%, être capable d’apporter un financement de 16,9 milliards de francs CFA », a fait savoir selon Jeune Afrique, le comité en charge de la dénationalisation de la CIDT. Ce financement servira à relancer les activités de la société dont les difficultés financières sont bien connues de tous les acteurs de la filière. A l’occasion de la dernière campagne, la compagnie ivoirienne pour le développement du textile a survécu grâce à une perfusion financière de 19 milliards de francs CFA que lui avait injectés le Groupe Afreximbank. Mais cet appui financier n’a donné qu’un léger coup de pousse à la société sans pour autant l’éviter de tomber dans la faillite.

La CIDT a perdu sa vitesse de croisière en Côte d’Ivoire

Basée dans la ville de Bouaké, la compagnie ivoirienne pour le développement du textile subit encore les affres d’une crise financière qui remonte à plusieurs années. Avec une capacité de production estimée 120.000 tonnes de cotons par campagne, la CIDT n’a réussi à générer que la moitié de sa production au cours des dernières années (entre 50.000 et 60.000 tonnes par campagne). La société a frôlé le pire en 2002 lors de la crise politico-militaire qui avait provoqué la scission du pays en deux. Sur la période 2007-2008, la production de la compagnie ivoirienne pour le développement des textiles avait chuté jusqu’à 26.000 tonnes. Mais la société a véritablement perdu son hégémonie lorsque l’Etat ivoirien décide d’ouvrir la filière du coton à la concurrence en 1996. L’émergence de plusieurs structures cotonnières comme la SICOSA, l’IPS ou le COIC en Côte d’ivoire ont tiré un trait sur le règne de la compagnie des textiles en cours de privatisation. A ce jour, sa production ne représente que le un dixième de la production cotonnière totale du pays.

Une dénationalisation qui fait jaser

Bien que l’Etat ivoirien envisage de céder 80% de la CIDT à des bailleurs de fonds étrangers pour la bonne, la privatisation de la société fait tout de même grincer des dents. Avec 20% de parts restantes, le gouvernement ivoirien concède en quelque sorte le conseil d’administration de la compagnie à l’investisseur étranger qui sera choisi. Dans la mesure où l’investisseur décide de procéder à une restructuration de la société, le gouvernement sera incapable d’empêcher les éventuelles suppressions d’emplois qui pourraient intervenir. Cette situation, si elle intervient, remettra probablement en cause le bien-fondé de la privatisation de la CIDT par l’Etat de Côte d’Ivoire.

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