Ouattara Alassane : un troisième mandat qui pose problème ?

Kohan Kioshiko

Présidentielle ivoirienne – Avec le décès du candidat désigné au mois de mars, le RHDP est désormais engagé dans une nouvelle course contre la montre pour le choix de son nouveau candidat. Sans surprise, le parti unifié devrait se rabattre sur le président sortant Ouattara Alassane. Pourtant, le dirigeant ivoirien avait clairement indiqué qu’il ne briguerait pas un troisième mandat. Mais le décès d’Amadou Gon Coulibaly survenu le 8 juillet dernier change complètement la donne pour le parti présidentiel où plusieurs cadres appellent désormais Ouattara à briguer un troisième mandat.

Ouattara Alassane va-t-il rempiler pour un troisième mandat en Côte d’Ivoire ? Suite au décès de son dauphin Amadou Gon Coulibaly, plusieurs cadres du parti unifié ont lancé des appels pressants au président ivoirien, l’invitant à renoncer à sa promesse de ne pas briguer un nouveau mandat en Côte d’Ivoire. Pour l’heure, aucune réponse du président Ouattara face aux nombreuses sollicitudes des cadres et militants de son parti. Il faudrait attendre le 29 juillet pour connaître le nom du candidat qui sera désigné par le RHDP aux prochaines élections présidentielles. Pressé par le temps, le parti présidentiel n’a visiblement pas d’autres choix que de se rabattre sur Ouattara, selon l’avis de plusieurs observateurs politiques. Mais l’hypothèse d’un troisième mandat du président ivoirien divise depuis des mois les acteurs du paysage politique ivoirien. Pour l’opposition ivoirienne, la nouvelle constitution ivoirienne est claire sur le sujet, puisque le nombre de mandats autorisé est limité à 2.

Le paysage politique ivoirien s’annonce mouvementé à quelques mois de la tenue de la présidentielle d’octobre 2020 en Côte d’Ivoire. A moins de quatre mois de la présidentielle, le parti au pouvoir a perdu son candidat naturel, décédé après le conseil des ministres qui s’est tenu le 8 juillet dernier à Abidjan au palais de la présidence. Aujourd’hui, le RHDP envisage une candidature de Ouattara Alassane en octobre prochain, une candidature qui a tout naturellement relancé les débats sur la légitimité du troisième mandat du président ivoirien. Pour l’ancien ministre Gnamien Konan, «Trois mandats, ça pose un problème de droit. Donc, c’est au Conseil Constitutionnel de contredire ou non les deux Ministres juristes du régime que sont Sansan Kambilé, Cissé Bakongo et l’éminent constitutionnaliste, Ouraga Obou. En effet la Constitution ivoirienne a toujours dit de façon constante que deux mandats présidentiels, c’est le maximum qu’un Président peut exercer et ses modifications passées et futures par voie parlementaire ne créeront jamais une autre Côte d’Ivoire. En conséquence, la Côte d’Ivoire et le monde entier regardent en direction du Conseil Constitutionnel de Côte d’Ivoire. Prions pour que le fameux démon qui a possédé le Professeur Yao N’dré sorte maintenant de ce Conseil Constitutionnel.  Un troisième mandat pour Alassane Ouattara, ça pose un problème moral, celui de la parole donnée. C’est à ADO, l’homme de parole, de trancher. À moins que comme toujours, les sujets aient dit ce que le roi désire entendre.  Un troisième mandat pour Alassane Ouattara pose aussi le problème de la crédibilité du scrutin électoral. Si la constitution est violée, si la parole donnée est reniée, il y’a très peu de chance que le résultat des urnes soit respecté par la CEI et par le Conseil Constitutionnel.», a fait savoir l’ancien membre du parti unifié RDHP

L’avis de Martin Bléou

«Le changement de Constitution n’a pu produire cet effet, à supposer que telle fût l’intention du président de la République lorsqu’il dotait, un an après avoir reçu son deuxième mandat, la Côte d’Ivoire d’une nouvelle Constitution dont il avait pris l’initiative et pour laquelle il avait désigné un Comité d’experts chargé d’écrire le texte, en ayant fourni les grandes lignes tant du point de vue institutionnel que normatif. C’est dire que le président de la République ne peut, aux termes de la Constitution, sa propre Constitution, briguer un troisième mandat présidentiel, le principe de la limitation le rendant inéligible.», a fait savoir le prof Martin Bléou.

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