Le cardinal Kutwa réagit à la candidature de Ouattara Alassane

Kohan Kioshiko

Présidentielle ivoirienne – Pressé par les militants de son parti, mais aussi par de nombreux cadres, le président ivoirien a décidé de se porter candidat à la prochaine élection présidentielle, une décision qui a alimenté de vives tensions dans le pays, occasionnant même des morts dans certaines localités comme Dimbokro et Bonoua. Patron du clergé catholique, le cardinal Kutwa a réagi à la candidature de l’actuel dirigeant à l’élection d’octobre 2020.

Le cardinal Jean-Pierre Kutwa n’est pas resté indifférent aux récents évènements politiques en Côte d’Ivoire. Suite à l’annonce de sa candidature en octobre prochain, plusieurs ivoiriens sont descendus dans les rues pour crier leur mécontentement, après le volte-face de Ouattara Alassane. En mars dernier, le président ivoirien annonçait à la face du monde qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat en Côte d’Ivoire. Le parti unifié a alors désigné Amadou Gon Coulibaly comme candidat du parti présidentiel. Mais la disparition brutale du premier ministre ivoirien a changé la donne au RHDP qui a multiplié les appels pressants à l’endroit du dirigeant ivoirien. Dans une adresse à la nation le 6 août dernier, le président ivoirien est revenu sur sa décision de ne pas être candidat en octobre prochain. Sa candidature a suscité un vent de colère dans certaines localités du pays, des manifestations qui ont occasionné au moins cinq morts selon le ministère de la sécurité.

Le décès d’Amadou Gon Coulibaly a changé beaucoup de choses au sein du RHDP. Le président Ouattara Alassane qui avait annoncé qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat est revenu sur sa promesse. Pour le cardinal Jean-Pierre Kutwa, la candidature du président ivoirien n’était nullement nécessaire : «Je ne peux pas ne pas me tourner avec respect vers le Président de la République, Chef de l’Etat dont la candidature à ses prochaines élections, n’est pas nécessaire à mon humble avis…Son devoir régalien de garant de la Constitution et de l’unité nationale appelle son implication courageuse, en vue de ramener le calme dans le pays, de rassembler les Ivoiriens, de prendre le temps d’organiser les élections dans un environnement pacifié par la réconciliation…En vérité, la réconciliation est plus importante que les élections. Voilà pourquoi, il est totalement erroné de penser qu’il suffit d’organiser des élections, d’en déclarer un vainqueur, pour que les cœurs meurtris soient guéris et que la paix s’installe. J’ose encore une fois nous supplier : laissons-nous réconcilier les uns avec les autres ! Tout le reste ira de soi», a déclaré le cardinal. Pour l’opposition ivoirienne cette candidature du président ivoirien constitue une violation de la nouvelle Constitution et des lois fondamentales du pays, un avis que ne partage pas le RHDP qui estime que le président ivoirien a parfaitement le droit de se présenter à cette élection présidentielle. Il revient désormais au conseil constitutionnel de trancher sur la candidature du président ivoirien, comme l’avait rappelé l’ambassade américaine dans un communiqué officiel la semaine dernière.

Une forfaiture selon Soro

«Il n’y a pas d’interprétation possible. C’est une forfaiture. Il est clairement écrit qu’on ne peut se présenter une troisième fois. D’ailleurs, il n’a cessé de répéter au cours du mois de mars dernier – propos validés par ses juristes – qu’il n’était pas autorisé à faire un troisième mandat. C’est clairement une atteinte à l’indépendance de la Côte d’Ivoire….Oui, et il a franchi la ligne rouge. Quand vous vous attaquez à la constitution d’un pays, vous sapez les bases de l’Etat. Au-delà de la Côte d’Ivoire, il y a la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), dont fait partie notre pays et qui possède également une charte interdisant de faire un mandat de trop. Il existe donc un double verrou que M. Ouattara a clairement fait sauter…Il a profité de l’auréole du FMI pour se glisser dans la peau du charmeur. Moi-même, j’ai été séduit par son CV. Je l’ai soutenu. Nous étions cinq camarades, quatre sont partis.», déclarait Guillaume Soro.

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