A quinze (15) jours des élections présidentielles en Côte d’Ivoire, la scène politique ivoirienne suscite de vives attentions.
Les deux (02) principaux camps rivaux, que sont d’un côté la coalition de l’opposition et de l’autre côté le parti présidentiel du candidat Alassane OUATTARA, vivent différemment ce processus électoral. Si pour l’opposition, le défi est d’obtenir le report des élections et la prise en considération de toutes ses revendications, le parti au pouvoir, quant à lui, fait face dans ce processus électoral à de nombreuses pressions. La dernière sortie de la Commission Electorale Indépendante (CEI), vient porter un coup d’accélérateur à cette pression déjà suffisamment ressentie.
UN APPEL AU « BOYCOTT ACTIF »
Face à la presse chez l’ex-chef d’Etat Henri Konan BEDIE, président de la Coalition pour la démocratie, la réconciliation et la paix (CDRP) et à l’heure actuelle, président de la plateforme de l’ensemble des forces politiques et sociales de l’opposition, M. AFFI a appelé les militants de l’opposition à « s’abstenir de participer tant en ce qui concerne la distribution des cartes électorales qu’en ce qui concerne la campagne électorale ». Pour l’opposition, il faut « faire barrage à ce coup d’état électoral que le président OUATTARA s’apprête à commettre » car « le processus électoral en cours est illégal et ne répond à aucun critère international ». Dans cette déclaration conjointe du 15 octobre, le FPI et le PDCI ont porté de manière solennelle à la connaissance de tous leurs électeurs, leurs militants et au peuple de Côte d’Ivoire, à la connaissance de l’opinion nationale et internationale que le processus électoral en cours ne les concerne nullement.
La campagne électorale s’est ouverte le jeudi 15 octobre 2020. Le PDCI du Sphinx de Daoukro et le FPI, parti de Laurent GBAGBOA, n’entendent pas prendre part à ce scrutin. D’ailleurs, ces deux formations ont annoncé une conférence de presse au siège du PDCI, ce vendredi, afin de donner davantage de clarifications sur cette déclaration commune. L’objectif de cette action est de démontrer aux yeux de toute la classe politique, nationale et internationale la détermination de l’opposition à faire entendre toutes ses revendications. Il faut pour cela, passer à une vitesse supérieure en mettant plus de pression sur le camp du parti au pouvoir. Pour ce faire, les militants de l’opposition sont invités à appliquer le mot d’ordre de « boycott actif » par tous les moyens légaux à leur disposition, afin que le pouvoir actuel consente à s’asseoir autour de la table de négociation avec l’ensemble des forces politiques nationales[1]. Une telle action aurait pour finalité de trouver des solutions acceptables à toutes les revendications qui sont ressorties de la proclamation des candidatures.
UNE PRESSION DE L’ETRANGER
Toujours au cœur de l’actualité du continent, la candidature d’Alassane OUATTARA continue d’animer de nombreux débats en Côte d’Ivoire comme à l’étranger. Les germes de pression fusent de toutes parts. Après les Nations Unies, la CEDEAO, c’est le parlement européen qui s’est prononcé sur cette candidature. A l’instar d’autres personnalités, Mme Marie ARENA, Présidente de la Sous-commission des droits de l’homme du Parlement européen a qualifié la candidature du Président sortant « anticonstitutionnelle ». La député Belge a également déclaré que malgré l’approche de l’échéance présidentielle, la Côte d’Ivoire demeure un pays dans lequel la situation des droits humains est préoccupante[2].
EN ROUTE POUR ABIDJAN
Le contexte sociopolitique qui prévaut à l’approche du scrutin présidentiel en Côte d’Ivoire reste préoccupant. Autant que faire se peut, l’union sacrée de l’opposition tente de se faire entendre auprès des institutions internationales et des pairs afin d’obtenir le retrait du candidat du RHDP, Alassane OUATTARA, de la course à la présidentielle. C’est ainsi qu’après avoir fait appel aux Nations Unies lors du meeting de l’opposition au stade Houphouët Boigny, Henri Konan BEDIE s’est rendu au Ghana à la rencontre du roi des Ashantis et de Nana Akufo-ADDO, président ghanéen, président actuel en exercice de la CEDEAO. Apres plusieurs échanges qui ont émaillés leur rencontre, le président ghanéen et Muhammadu BUHARI, président du Nigéria, sauf changement de dernière minute, sont attendus en terre ivoirienne ce vendredi 16 octobre 2020 [3]. Cette visite à Abidjan s’inscrit dans le cadre de la recherche de solutions pour sortir de la crise pré-électorale que connaît le pays.
Mais avant cette arrivée, les guides religieux en Côte d’Ivoire ont appelé au calme et à la responsabilité de tous les acteurs de l’échiquier politique.
Bref ! Pour le démarrage de sa campagne, le président ivoirien avait prévu une cérémonie officielle de remise des feuilles de route à ses directeurs régionaux de campagne. Cette cérémonie qui était initialement prévue pour ce mercredi 14 octobre 2020 à la Patinoire du Sofitel Hôtel Ivoire a été reportée à une date ultérieure. Cette annonce faite par le Directeur Exécutif du RHDP, M. Adama BICTOGO le 13 octobre 2020 a suscité une vague d’interprétation. Le parti au pouvoir est-il en perte de vitesse face à toute cette pression ?
En dépit de toutes ces actions visant à battre en brèche la position du camp OUATTARA, la campagne reste ouverte, les posters et autres affiches aux couleurs du RHDP maquillent déjà les rues d’Abidjan. Le parti présidentiel semble plus que jamais déterminé à résister à tous les obstacles pour atteindre son objectif : gagner les élections au soir du 31 octobre 2020.
[1] Jeune Afrique, 15 Octobre 2020 à 18 : 42