Couvre-feu en France : le coronavirus ferme ses portes à 21h

by Joseph Amenan

Face à la deuxième vague de l’épidémie de coronavirus à laquelle la France est confrontée depuis le mercredi 14 octobre 2020, Emmanuel MACRON, président de la république de France, a annoncé un couvre-feu allant de 21 heures à 6 heures en Ile-de-France et dans huit métropoles à partir de vendredi 16 octobre 2020 minuit.

Cette mesure vise, selon les termes de l’Elysée, à endiguer l’épidémie de Covid-19 du territoire français. Depuis lors, cette annonce du président français qui touche particulièrement certains domaines, se retrouve au centre de nombreux débats.

LE CINEMA MIS EN DIFFICULTE

Après l’annonce « Tonitruante » de MACRON à propos du couvre-feu, le monde de la culture a immédiatement réagi. Les acteurs du spectacle français ont dénoncé la gravité de cette mesure sur leurs activités. Pour la Fédération nationale des cinémas français (FNCF), la décision de l’Elysée emporte de lourdes conséquences sur son activité. Ce dispositif de lutte contre le Covid-19 « va fragiliser terriblement l’activité des cinémas de la plupart des grandes villes de France » qui souffrent déjà d’une baisse de fréquentation allant jusqu’à 70% depuis de nombreux mois. La FNCF craint également que de nombreuses mastodontes du spectacle, censées drainer le public soient déprogrammées, et demande aux éditeurs et programmateurs de maintenir leur calendrier à propos des sorties des films.

Cette mesure pourrait priver le cinéma français des séances comme les sorties de films, capables de rassembler un très grand nombre de spectateurs. La crainte est que les distributeurs ne puissent plus sortir de film s’il n’y a pas d’aménagements. Marc Olivier SEBBAG, délégué général adjoint de la fédération a plaidé pour le fait qu’«il faut que la culture puisse avoir lieu dans ce pays, qu’elle ne soit pas la première victime de ce couvre-feu ».[1]  

DES NEGOCIATIONS AVEC L’ELYSEE

Le monde du spectacle nourrit de l’espoir en s’accrochant aux « plaidoiries » menées par son ministre, Roselyne BACHELOT auprès du gouvernement, pour obtenir un assouplissement du couvre-feu au-delà de 21 heures en faveur des cinémas et des salles de spectacle. En se présentant comme la médiatrice entre le monde de la culture et le gouvernement, la ministre met en avant les propos selon lesquels les salles de spectacle voudraient « considérer que 21 heures, ce n’est pas l’heure à laquelle on doit être chez soi mais, pour ceux qui ont un ticket pour une pièce ou un film, l’heure du départ de la salle ».

Cette vision de Mme BACHELOT est partagée par la maire de Paris, Anne HIDALGO qui affirme vouloir engager un dialogue avec la ministre, afin de permettre aux « spectacles vivants » de se tenir et au public de circuler en dépit du couvre-feu annoncé mercredi soir[2].

Pour Emmanuel Macron, il s’agira plutôt d’aider les théâtres et les cinémas à accueillir du public plus tôt dans la journée[3], le but de ce couvre-feu étant de limiter les contacts sociaux tout en évitant la paralysie de l’économie provoqué par un confinement généralisé. Bruno Le Maire, de son côté n’est pas favorable à une exemption au couvre-feu pour le secteur de la culture, comme le voudrait la ministre BACHOLET.  Le concernant, il a estimé ce matin sur la chaîne RMC que, « ce qui fait la force d’une règle, c’est sa clarté, sa simplicité. Si vous commencer à multiplier les exemptions, on ne va pas s’en sortir. Il faut en politique avoir une seule priorité. »

LE COUVRE-FEU, QUEL REGARD DE LA POLITIQUE ?

L’annonce du couvre-feu faite par président français a très vite mis en ébullition la classe politique française dans toute sa diversité.

Pour Anne HIDALGO, maire de Paris, l’une des principales villes concernées par cette mesure très restrictive et bien d’autres personnalités politiques, il faut rester « unis et appliquer les mesures annoncées par le Président de la République, même si elles sont dures ». Pour elle, c’est une épreuve à laquelle le pays doit pouvoir faire face.

Cependant, la France Insoumise accueille cette nouvelle comme une « indignation ». D’après Adrien QUATENNENS, numéro deux du parti d’extrême gauche, par cette mesure, « Macron confine les quelques heures de liberté dont disposent les Français ». Les membres de la gauche estiment alors que le locataire de l’Elysée fait preuve de son incompétence à affronter la situation. Avec un discours moins souple que les premiers, la gauche estime que le couvre-feu du président n’est mis en place que pour « couvrir sa nullité »[4]. La dirigeante du Rassemblement national, Marine Le Pen, a estimé de son côté que dans ce contexte de crise sanitaire, la préservation des grandes libertés publiques doit être une priorité.

  En somme, il est clair que la déclaration de Macron instaurant un couvre-feu dans la région parisienne et autres, à partir de ce vendredi 16 octobre 2020 est loin de faire l’unanimité. Mitraillés par la gauche, le Président de la République ainsi que ses soutiens espèrent trouver en cette mesure un moyen efficace de faire barrière à cette nouvelle propagation du Covid-19 sur le territoire de la France.  


[1] www.lefigaro.fr

[2] www.lemonde.fr

[3] www.midilibre.fr

[4] www.lesechos.fr

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