Arrestations en Côte d’Ivoire : le rapport accablant d’Amnesty International

Kohan Kioshiko

Tensions politiques – En prélude au scrutin présidentiel du 31 octobre dernier en Côte d’Ivoire, plusieurs opposants sont montés au créneau pour manifester contre la candidature de Ouattara Alassane, candidature qui rappelons-le, a été validée par le conseil Constitutionnel. La période électorale en Côte d’Ivoire a été marquée par l’interpellation de plusieurs opposants avant et après le scrutin, des interpellations que l’ONG Amnesty International n’a pas manqué de souligner dans son dernier rapport sur la Côte d’Ivoire.

Le régime ivoirien se retrouve dans le viseur de l’ONG Amnesty International après la vague d’arrestations de plusieurs opposants avant et après la tenue du scrutin présidentiel du 31 octobre dernier. Parmi les principaux opposants interpellés, le président du front populaire ivoirien, Pascal Affi N’Guessan. Une trentaine de chefs d’accusation seraient retenus contre le leader du front populaire ivoirien. A l’instar d’Henri Konan Bédié, le président du FPI avait appelé à la désobéissance civile contre le régime actuel. Joignant l’acte à la parole, le président du front populaire ivoirien avait même pris part à la mise en place du conseil national de transition, créé quelques jours après la tenue du scrutin présidentiel en Côte d’Ivoire. Certaines informations rapportées sur les réseaux sociaux donnaient même pour mort le président du front populaire ivoirien, des informations démenties par le concerné via une vidéo tournée depuis les locaux de la DST. Outre l’opposant ivoirien, Amnesty International évoque aussi l’interpellation de membres de la société civile en Côte d’Ivoire durant la période électorale.

«Amnesty International a constaté l’arrestation de dizaines de membres de l’opposition en marge de l’élection, après que l’opposition a appelé à la désobéissance civile, à boycotter le scrutin, à créer un Conseil national de transition et à rejeter la réélection du président Alassane Ouattara.  Le leader de l’opposition Pascal Affi N’Guessan a été arrêté dans la nuit du 6 novembre et détenu au secret jusqu’au 9 novembre. Durant ces quelques jours, il n’a pas pu communiquer avec sa famille ni son avocat. Pascal Affi N’Guessan a affirmé qu’il n’avait pas vu la lumière du jour pendant 60 heures. Il est visé par 30 chefs d’accusation, notamment « attaque et complot contre l’autorité de l’État, assassinat et actes de terrorisme ». Son avocat n’a réussi à le voir que lors de sa comparution devant le juge le 9 novembre. Depuis, ni son avocat ni sa famille n’ont pu entrer en contact avec lui. Il est pour l’instant impossible de confirmer le lieu où se trouve Pascal Affi N’Guessan. Les autorités doivent lui permettre de communiquer avec son avocat.», note l’ONG des droits de l’homme dans un nouveau rapport sur la situation socio-politique en Côte d’Ivoire. Outre l’interpellation du président du front populaire ivoirien, l’ONG de défense des droits de l’homme explique qu’environ une vingtaine d’opposants ont été arrêtés au domicile d’Henri Konan Bédié : «21 personnes ont été arrêtées de manière arbitraire au domicile du leader de l’opposition Henri Konan Bédié. Cinq se trouvent toujours en détention ; il s’agit de Maurice Guikahué, numéro deux du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), des sénateurs Seri Bi N’Guessan et Bassy Koffi Bernard, et de Narcisse N’dri Kouadio, directeur de cabinet d’Henri Konan Bédié. Ils ont à répondre de 16 chefs d’inculpation, notamment d’attaque et complot contre l’autorité de l’État », rapporte l’ONG.

Libérer Affi N’Guessan

«La répression croissante visant les leaders de l’opposition et les détracteurs du gouvernement constitue une offensive contre les droits humains. Les autorités ivoiriennes doivent rétablir le droit de circuler librement des personnes se trouvant aux domiciles des leaders de l’opposition en mettant fin à la mission des forces de sécurité qui y sont stationnées…Elles doivent libérer immédiatement et sans condition Pascal Affi N’Guessan et toutes les personnes détenues uniquement pour avoir exercé leurs droits fondamentaux. Enfin, elles doivent s’engager à créer un espace où les citoyens peuvent exprimer librement leurs opinions et manifester pacifiquement, sans crainte d’être arrêtés, agressés ou tués. », rapporte Samira Daoud.

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