Assemblée Nationale : l’opposition parlementaire ouvre un nouveau front

Kohan Kioshiko

Interpellation d’élus ivoiriens – En Côte d’Ivoire nombres d’élus sont actuellement en incarcération, pour des raisons judiciaires que conteste parfois l’opposition ivoirienne. Après l’interpellation de plusieurs élus proches de Guillaume Soro en décembre dernier, deux nouveaux élus ont été interpellés par les forces de l’ordre, après les élections. En guise de protestation contre les interpellations d’élus, l’opposition parlementaire a décidé de boycotter la séance plénière du mardi.

L’opposition parlementaire en Côte d’Ivoire n’aura pas fini de se faire entendre. Depuis des mois, les élus de l’opposition multiplient les communiqués dénonçant l’interpellation de certains de leurs collègues, en l’occurrence le député Alain Lobognon, proche de Guillaume Soro et transfuge du RDR. Il y’a quelques semaines, les forces de l’ordre procédaient à l’interpellation de deux autres élus du peuple, l’ancien ministre Maurice Kacou Guikahue, par ailleurs chef du bureau exécutif du PDCI RDA. L’ancien premier ministre Pascal Affi N’Guessan, député et président de conseil régional, a été également mis aux arrêts le 6 novembre dernier. Dans leur nouveau communiqué, l’opposition parlementaire a vivement protester contre ces nouvelles interpellations. Pour les opposants au régime, pas question de prendre part à des travaux sans la libération de leurs collègues dont certains sont incarcérés depuis des mois.

«Les Groupes Parlementaires de l’Opposition à l’Assemblée nationale, à savoir : PDCI-RDA, VOX POPULI, RASSEMBLEMENT, constatent que la plénière de ce jour, 1er décembre 2020, se tient dans un contexte socio-politique délétère qui ne garantit pas la sécurité des Députés de l’opposition, malgré leur immunité parlementaire. En témoignent les faits ci-après : – L’arrestation le mardi 3 novembre 2020, du Député Maurice KAKOU GUIKAHUE, Président du Groupe Parlementaire PDCI-RDA, ancien Ministre de la République ; – L’arrestation, le 6 novembre 2020, de monsieur AFFI N’GUESSAN Pascal, également Député à l’Assemblée Nationale, par ailleurs ancien Premier Ministre de la République de Côte d’Ivoire et Président du Front Populaire Ivoirien. Ces deux personnalités ont été placées sous mandat de dépôt, en violation flagrante de leur immunité parlementaire et de leurs statuts d’anciens Ministre et Premier Ministre qui exigent, de par la loi, des procédures pénales particulières.  En outre, le Député MABRI TOIKEUSSE, également ancien membre du Gouvernement, est menacé d’arrestation.», indiquent les élus parlementaires de l’opposition dans leur communiqué. Ces derniers n’ont pas manqué de rappeler également que des sénateurs figurent au nombre des personnalités interpellés en novembre dernier, peu de temps après la tenue de la présidentielle du 31 octobre dernier : «C’est ici le lieu de rappeler qu’en date du 23 décembre 2019, des Députés de l’opposition, notamment du Groupe Parlementaire Rassemblement, avaient été arrêtés et incarcérés, dans les mêmes conditions d’absence du respect de leur immunité. Parmi eux, à ce jour, le Député LOBOGNON Alain est toujours détenu et incarcéré. Il importe également de mentionner l’arrestation et l’incarcération, en date du 3 novembre 2020, des Sénateurs SERI BI N’GUESSAN Privat et BASSY KOFFI qui ont été libérés sous contrôle judiciaire, après vingt-deux (22) jours de détention, en violation flagrante de leur immunité parlementaire».

Boycott des travaux de la séance plénière

«Au demeurant une correspondance en date du 12 novembre 2020 a été adressée au Président de l’Assemblée nationale par les groupes parlementaires de l’opposition pour lui exprimer leur préoccupation quant au manque de sécurité de leurs membres. Le Président de l’Assemblée nationale n’a pas jugé utile de donner une suite à cette correspondance à ce jour. Aussi, les Groupes Parlementaires de l’Opposition à l’Assemblée nationale, à savoir : PDCI-RDA, VOX POPULI, RASSEMBLEMENT saisissent-ils l’opportunité de cette plénière, pour : – dénoncer ces arrestations arbitraires ; – exiger la libération sans délais des Députés en détention et l’arrêt des poursuites judiciaires.  Compte-tenu de tout ce qui précède, et en attendant la libération de leurs membres et la cessation des poursuites judiciaires à l’encontre de ceux-ci, les Groupes Parlementaires de l’Opposition à l’Assemblée nationale, à avoir : PDCI-RDA, VOX POPULI, RASSEMBLEMENT, s’abstiennent de participer aux travaux de la présente plénière.», indiquent les élus de l’opposition.

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