Réconciliation nationale : les réserves de Doumbia Major

by Kohan Kioshiko

Ministère de la réconciliation nationale – Au lendemain de la présidentielle du 31 octobre, Ouattara Alassane a décidé de l’élargissement de son gouvernement. Cela s’est matériellement traduit par la création du ministère de la réconciliation nationale, un portefeuille ministériel confié à Kouadio Konan Bertin.

La création d’un ministère de la réconciliation nationale permettra-t-elle de réconcilier véritablement les ivoiriens ? Seule certitude du moment, le pouvoir actuel fonde de grands espoirs dans la mission assignée à l’opposant Kouadio Konan Bertin dit KKB. Contrairement à Henri Konan Bédié et Affi N’Guessan, KKB avait décidé d’aller aux élections, même s’il estimait que les conditions d’un scrutin équitable n’avaient pas toutes été réunies. Son choix d’aller aux élections du 31 octobre a visiblement pesé en sa faveur dans son entrée au nouveau gouvernement ivoirien. Comme il fallait s’y attendre, il était présent autour de la table de discussion entre pouvoir et opposants, dans le cadre du dialogue politique. Doumbia Major, président du congrès panafricain pour le renouveau, émet pour sa part des réserves sur la mission assignée à l’ancien député ivoirien. Pour le président du CPR, la réconciliation nationale est un leurre.

En marge de la rencontre entre pouvoir et opposition, dans le cadre du dialogue politique, l’opposant KKB avait affiché son optimisme sur le chantier de la réconciliation nationale, chantier qui lui a été confié suite à la création d’un ministère charger de réconcilier les ivoiriens : «On retient la volonté de part et d’autres à aller à la paix.  Je l’ai senti sur tous les visages. J’ai senti le gouvernement dans de bonnes dispositions pour aller à la paix.  Nos amis, les frères de l’opposition, le simple fait qu’ils aient tous répondu positivement  à l’appel du Premier ministre  est un signe. Il y a quelques semaines on parlait de pas reconnaitre le pouvoir. Aujourd’hui, le pouvoir les invite à une table de négociations, ils viennent tous. C’est à saluer. Il y a un temps pour tout.  Un homme politique, le vrai, c’est celui  qui sait lire les signes du temps. Les signes du temps actuel, sont ceux de la décrispation, de la paix. Il nous faut sortir de la belligérance et allons résolument à la paix. Je salue ces dispositions d’esprit. Un chronogramme  a été mis en place. Nous allons échanger en commission. Nul doute qu’on se remettra d’accord. Il faut offrir une bonne  année de 2021 aux Ivoiriens assez fatigués par une prise d’otage qui a trop durée. C’est cela qu’il faut saluer», a déclaré l’ancien candidat à la présidentielle du 31 octobre dernier. Mais cet optimisme n’est pas du tout partagé par Doumbia Major, le président du congrès panafricain pour le Renouveau : «La réconciliation nationale est un leurre et un objectif utopique dans un pays où il y a le multipartisme.  Les gens seront toujours opposés dans un pays où ils ne vivent pas sous le règne d’un parti unique , il faut juste éviter que ces oppositions se fassent sur la base éthnique, religieuse ou raciale.  C’est seulement sous un régime de parti unique que des gens peuvent faire semblant d’être tous des amis, en taisant leurs divergences politiques et en suivant tous la ligne et les mots d’ordres du parti.  Le rôle de l’État n’est pas de chercher à réconcilier les gens qui sont fâchés les uns avec les autres, dans un pays , il faut chercher juste à les faire vivre ensemble dans la paix et le respect réciproque des droits et de la dignité humaine  de chacun.», a fait savoir le président du congrès panafricain pour le renouveau.

Une question d’intérêts

«Personne ne peut réconcilier des individus qui ont des intérêts divergents et qui convoitent la même chose qui est à la base d’un conflit d’intérêt qui les oppose.  On peut résoudre le conflit en rapprochant leurs intérêts de sorte que personne ne sente dépossédé d’une chose à laquelle elle pense avoir droit.», poursuit le leader du CPR.

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