Filière de Cacao – Face à la pandémie de la Covid-19, la vente du Cacao ne se déroule pas comme prévu à l’échelle internationale, une situation qui fait grincer des dents chez les producteurs ivoiriens de l’or brun. En début d’année, le régulateur ivoirien CCC avait tenté de rassuré les planteurs sur la campagne en cours, les invitant à être patients.
Quelles solutions face à la mévente du Cacao en Côte d’Ivoire ? Si l’économie ivoirienne résiste tant bien que mal l’épidémie de Coronavirus, les principaux acteurs de la filière cacaoyère, à savoir les producteurs, n’ont pas le vent en poupe pour la nouvelle campagne de commercialisation de l’or brun, malgré un prix bord champs de l’ordre de 1000frs garanti. Avec la pandémie de la Covid-19, il est de plus en plus difficile pour les producteurs d’écouler leurs produits. Selon Fabien Guéï, porte-parole d’un groupement de négociants ivoiriens dans la filière de cacao, certaines multinationales spécialisées dans la filière, tenteraient de faire pression sur la Côte d’Ivoire. Pour contraindre les autorités ivoiriennes, les six multinationales auraient même, à en croire les révélations du négociant ivoirien, cessé tout acte d’achat de cacao avec la Côte d’Ivoire, premier producteur de l’or brun au monde. Rappelons que le cacao contribue à lui tout seul à environ un tiers du PIB ivoirien.
Face à la mévente du Cacao en Côte d’Ivoire, l’instance de régulation, à savoir le CCC, avait tenté de calmer le jeu en début d’année : «Dans l’immédiat, je voudrais demander à nos planteurs de ne pas vendre leurs produits. Il faut qu’ils patientent. Je leur demande d’être patient…Les produits vont sortir au fur et à mesure. Nous avons espoir que les choses vont s’améliorer. La pandémie frappe l’économie dans son ensemble, le cacao n’échappe et nous produisons le cacao que nous ne consommons pas. Les grands consommateurs c’est d’abord l’Europe, ensuite les États-Unis et enfin l’Asie. Si nos principaux consommateurs sont frappés par la pandémie, le cacao devient pour eux un élément accessoire. Nous sommes obligés de demander aux exportateurs de travailler au rythme des conteneurs et des navires qu’ils ont…On explique aux planteurs que le prix c’est 1000 FCFA. De ne jamais accepter des acheteurs véreux dans leurs magasins et d’accepter un prix qui est différent de celui qui est fixé officiellement», expliquait en début d’année Brahima Yves Koné, le DG du CCC, lors d’un passage sur les antennes publiques. Pour Fabien Gueï, la mévente du cacao serait lié à d’autres facteurs, la crise de la Covid-19 servant visiblement de prétexte : «La mévente actuelle du cacao est liée au fait que les six multinationales installées en Côte d’Ivoire qui achètent la totalité du cacao ont décidé d’utiliser la baisse de la demande mondiale de cacao liée au Covid-19 comme argument pour baisser le prix Caf des 300 000 tonnes restantes de la grande campagne à des niveaux de prix inacceptables. Afin de mettre la pression sur le Conseil café cacao (CCC), les six multinationales se sont entendues pour arrêter les achats, en affirmant que les prix de vente Caf du CCC étaient élevés de 300 FCfa kg ! La baisse de la demande due au Covid-19 justifiait une baisse importante du prix de l’ordre de 100 Fcfa /kg, mais pas de 300 FCfa ! (…) La mévente souligne le danger pour la Côte d’Ivoire de dépendre uniquement de six multinationales qui peuvent s’entendre pour acheter ou non notre cacao, mais aussi sur le niveau de prix. Il n’y a qu’une seule solution : ces sociétés qui représentent les chocolatiers ont une responsabilité morale et éthique d’acheter le cacao et de ne pas créer une crise économique».
Traiter directement avec les chocolatiers
«Pour mettre fin au monopole, il faut dès maintenant que le CCC puisse vendre du cacao directement aux chocolatiers comme le fait le Ghana, sans passer par les six multinationales. Il faut donc rassurer les chocolatiers et aller les démarcher commercialement pour qu’ils achètent directement auprès du CCC.», rapporte Fabien Gueï.