Lors du congrès de fusion des forces sankaristes, organisé du 30 octobre au 1er novembre 2021 au Burkina Faso, Justin Koné Katinan, représentant de Laurent Gbagbo, a fait part d’une offre politique panafricaniste de son leader.
Selon lui, le président du nouveau parti PPA-CI voudrait que les Africains s’unissent pour obtenir la véritable indépendance de leur continent. Une vision qui rappelle naïvement le RDA de Félix Houphouët Boigny.
Justin Koné Katinan, 2e vice-président du Conseil Stratégique et Politique du PPA-CI et porte-parole du parti, a participé au congrès de fusion des forces sankaristes UNIR/MPS, du 30 octobre au 1er novembre 2021 à Ouagadougou (Burkina Faso). Représentant de l’ex président ivoirien Laurent Gbagbo à cette cérémonie, l’ex ministre délégué du Budget du gouvernement Aké Ngbo a été invité à prendre la parole au pupitre. Dans son bref discours, il a fait une comparaison entre Thomas Sankara, Jerry Rawlings et Laurent Gbagbo. Des leaders qui n’ont de point commun que leur lutte contre le néocolonialisme.
Des leaders combattus par les puissances tutélaires
« Ils étaient trois, quand nous étions élèves, dans les années 80 qui ont nourri nos espérances, qui ont nourri nos espoirs, l’un au Burkina Faso, l’autre au Ghana et le troisième en Côte d’Ivoire. Ils ont occupé nos vies, notre jeunesse, ils ont nourri nos espoirs.», a d’abord fait valoir Koné Katinan. L’ancien directeur du cadastre à la direction générale des Impôts a ensuite dénoncé « la lâcheté internationale, la lâcheté de système », qui « a fini par avoir la peau du camarade Thomas Sankara » et « empêcher Laurent Gbagbo de travailler ».
Passant sous silence le cas Jerry Rawlings, qui a gouverné malgré l’« ingérence étrangère », le porte-parole de Laurent Gbagbo va se contenter de glorifier la lutte de son mentor contre la France. « Laurent Gbagbo est sorti victorieux de ce combat, il est retourné en Afrique, il est retourné en Côte d’Ivoire et il me charge de vous transmettre qu’il est là et qu’il est déterminé à continuer ce combat », a-t-il souligné. Il fait allusion à l’acquittement de Laurent Gbagbo, après près de dix ans passés à la CPI. Le « Woody de Mama » y était jugé pour crimes de guerre après les violences post-électorales de 2010-2011 qui ont fait officiellement 3.000 morts.
« Chaque fois que l’Afrique s’est réunie pour faire face aux défis, elle gagne et l’exemple c’est le RDA »
Dès son retour en Côte d’Ivoire, en juin 2021, l’ancien chef d’Etat ivoirien a repris le combat politique. Constatant que son FPI a été confisqué par Affi N’Guessan, sous l’œil bienveillant du régime d’Abidjan, il a dû créer un nouvel instrument idéologique, le PPA-CI (Parti des Peuples Africains -Côte d’Ivoire), à l’issue du congrès constitutif des 16 et 17 octobre 2021. Au cours d’une intervention sur la NCI (Nouvelle Chaîne Ivoirienne), le dimanche 10 septembre 2021, Koné Katinan avait déjà signifié que ce projet visait à rassembler « la gauche éparpillée autour d’un mouvement central, puissant, qui puisse converger toutes les intelligences, toutes les énergies de gauche de la Côte d’Ivoire mais également de l’Afrique. »
Il a ajouté : « Chaque fois que l’Afrique s’est réunie pour faire face aux défis, elle gagne et l’exemple c’est le RDA. Pour gagner les défis de l’indépendance, il a fallu que l’Afrique cristallise toutes ses énergies autour d’un certain nombre de valeurs qui étaient la liberté des peuples ». Et l’Afrique a gagné. Et c’est quand nous avons gagné et que nous sommes allés en rangs dispersés que nous avons perdu. Donc nous avons déjà une expérience et c’est cette expérience que nous voudrons proposer à travers le panafricanisme ». Pour matérialiser cette ambition, plusieurs partis ont été invités au congrès constitutif d’octobre. Ces formations sont notamment venues du Sénégal, du Burkina Faso et du Niger.
Une noble ambition, mais quelques obstacles majeurs
Laurent Gbagbo leur a donc renvoyé la pareille en envoyant à Ouagadougou une délégation conduite par son porte-parole Justin Koné Katinan. Celui-ci a réitéré la proposition du fondateur du FPI. « Il vous demande que nous nous unissions, comme vous avez commencé ici. Traversons les frontières, unissons-nous, et c’est l’offre politique que le président Laurent Gbagbo donne à l’Afrique ». Si cette offre est bienvenue dans une Afrique ébranlée par l’éveil politique de sa jeunesse, elle souffre de quelques appréhensions.
En effet, il va falloir se débarrasser des vieux habits tribalistes et nationalistes prônées par d’anciens frontistes et plusieurs de ces militants GOR (Gbagbo Ou Rien). Or cela n’est pas gagné avec les rancœurs qui persistent contre certains étrangers de la sous-région. Le RDA, cette coalition créée en 1946 et dirigée par Félix Houphouët Boigny, était vraiment panafricain. Il a rassemblé tout le peuple africain autour de ses intellectuels pour obtenir l’indépendance des colonies françaises. C’est cette fraternité ou cette osmose qu’on doit d’abord semer et installer entre les populations avant de prétendre à quoi que ce soit.
Du même sujet sur Koné Katinan