Sept jours à peine après l’effondrement d’un immeuble à Treichville, un nouveau bâtiment s’écroule dans la commune d’Angré, à Abidjan. D’après un premier bilan provisoire, il y a eu cinq décès, dont deux hommes, une femme et deux enfants.
Le premier ministre ivoirien Patrick Achi a annoncé qu’une enquête sera menée pour situer les responsabilités et que la loi s’appliquera dans toute sa rigueur. Mais ce discours a déjà été entendu à maintes reprises.
Tout s’est passé comme dans un film
Dans la nuit du dimanche 6 au lundi 7 mars, un nouvel immeuble de quatre étages s’est effondré dans le quartier d’Angré, à Cocody, faisant trente blessés et cinq morts, dont deux hommes, une femme et deux enfants. Il y a avait au total 18 ménages dans ce bâtiment. Doumbia Ladji un résident confie à Voaafrique : « C’était comme si on était dans un film. Dans la maison, j’allais à gauche, à droite… J’ai entendu un grand bruit et là, on a essayé de s’échapper. On a sauté du 4e en passant par les différents petits trous et on s’en est sortis, par la grâce de Dieu. Mais malheureusement, on a tout perdu. ». Selon lui, tout le monde savait que l’immeuble avait des problèmes depuis deux années. Les habitants auraient constaté des fissures et auraient essayé d’en parler au propriétaire, une dame, mais celle-ci n’aurait rien fait pour régler le problème.
Patrick Achi et Bruno Koné sur les lieux
Informé du nouveau drame, le premier ministre Patrick Achi s’est rendu sur les lieux pour faire le constat d’usage. Il dit avoir « apporté au nom du Président de la République, Alassane Ouattara, la compassion de la Nation aux victimes d’Angré 8ème tranche, nos prières et notre soutien ». Le chef du gouvernement ivoirien a également « remercié nos forces de secours pour leur réactivité » et promis qu’une enquête sera lancée afin que la loi s’applique dans toute sa rigueur. Le ministre de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme, Bruno Koné, était également sur place pour constater les faits. Il a appelé à la « responsabilité des maîtres d’ouvrage » et annoncé que la justice a été saisie pour déterminer les responsabilités de cet accident. Il a promis de nouvelles « mesures » et « des actes concrets ».
Un drame survenu une semaine plutôt
Des propos déjà entendus il y a une semaine, plusieurs mois et voire de nombreuses années. En effet, un immeuble R+7 en construction non loin du Palais de la Culture de Treichville s’était effondré dans la nuit du samedi 26 au dimanche 27 février 2022, aux environs de 1 heure. Selon un bilan du Groupement des Sapeurs-pompiers militaires (GSPM), le drame a fait 22 victimes, dont 7 décès. Plusieurs autorités ivoiriennes ont effectué le déplacement ce jour-là pour apporter la compassion du gouvernement aux victimes. Il s’agissait déjà de Bruno Nabagné Koné, qui a assuré aux familles éplorées et aux blessés que justice sera faite. Les sinistrés auraient été relogés dans d’autres maisons avant un hypothétique retour à la maison. Cela risque de prendre plusieurs années.
Trop de promesses ces dernières années
« Nous avons un code pénal. Un homicide volontaire est sanctionné par nos lois. Les fauteurs ne font pas exception à cette règle. Donc, ils seront sanctionnés. Je le demande ardemment. Que toutes les personnes qui sont en faute au niveau de la Construction et ailleurs également soient effectivement punies », a déclaré Bruno Nabagné Koné. Le ministre assure maintenant que le gouvernement va s’appuyer sur les mairies dans sa stratégie de recherche de solutions pérennes pour freiner ce phénomène. Mais personne ne croit plus en ces promesses car depuis plusieurs années, les dirigeants ivoiriens ne font que des promesses alors que les immeubles continuent de s’écrouler. Le 12 mars 2021, une construction s’était aussi effondrée à la Riviera Bonoumin, à Cocody (Abidjan), et avait fait 13 morts.
Pas de permis de construire pour 90% des constructions
Le ministre Bruno Nabagné Koné avait soutenu que le premier responsable d’un effondrement n’est pas le ministère de la Construction du Logement et de l’Urbanisme mais le propriétaire du bâtiment, celui qui construit, le maître d’ouvrage. C’est lui qui « conçoit le projet, recrute le personnel, achète les matériaux, s’assure que les travaux sont réalisés dans les règles de l’art », a-t-il avancé. Notons qu’il y a eu aussi des incidents à Abobo, Abatta (Bingerville), Cocody et Yopougon. A la suite de tous ces drames, une enquête du ministère a établi que 90% des promoteurs ivoiriens ne disposaient pas de permis de construire. Aussi, la plupart des constructions n’auraient pas des fondations adaptées et des matériaux conformes (sable, gravier, ciment, fer à béton).