Donald Trump menace les entreprises qui ferment aux USA

by Laurence Guédé

«Les entreprises ne vont pas continuer à quitter les Etats-Unis sans qu’il y ait des conséquences. C’est fini ça, c’est fini.»

Donald Trump, très agressif qui a menacé les entreprises qui ferment. Ce jeudi, il a déclaré que les entreprises américaines délocalisant pour élaguer leurs coûts de production en subiraient «les conséquences», lors d’une visite dans une usine de l’Indiana. Sa victoire est basée sur la promesse de sauvegarder les emplois ouvriers sur le sol américain, il a choisi de se rendre dans cette usine, devenue cette semaine le symbole de la politique anti-délocalisation qu’il entend mener. «Les entreprises ne vont pas continuer à quitter les Etats-Unis sans qu’il y ait des conséquences. C’est fini ça. C’est fini», a lancé M. Trump, dans cette usine du fabricant de climatiseurs Carrier dont il affirme avoir sauvé plus de 1.000 emplois en empêchant un transfert d’activité vers le Mexique. «Quitter le pays va être très, très difficile» pour les entreprises, lança-t-il.

Les menaces du futur président prises en compte

Carrier a annoncé mardi renoncer à son projet de délocalisation de cette usine du nord des Etats-Unis, affirmant sur Twitter avoir «conclu un accord avec le président élu». Puis, dans un communiqué, elle a précisé que les «incitations proposées par l’Etat (de l’Indiana) ont joué un rôle important» dans sa décision. «L’Etat de l’Indiana a offert à Carrier un package pluri-annuel de 7 millions de dollars, assorti de conditions en matière d’emploi, de maintien des postes de travail et d’investissement financier», a précisé jeudi la filiale du géant United Technologies. Selon les médias américains, elle va bénéficier d’allègements fiscaux pendant dix ans.

Cette visite était la première étape de la «tournée de la victoire» du futur président et de son vice-président Mike Pence. Le milliardaire a raconté en détail comment, au cours d’une conversation téléphonique, il a forcé la main du PDG du groupe United Technologies Gregory Hayes, présent dans la salle. Il s’est aussi moqué de ceux qui lui reprochent de galvauder ainsi la fonction présidentielle. «Ils disent que ce n’est pas présidentiel d’appeler ainsi les dirigeants d’entreprises géantes. Je pense au contraire que c’est très présidentiel et si ça ne l’est pas tant pis», a-t-il déclaré.

Un apport insignifiant dans ce grand besoin

Mais les postes sauvegardés ne représentent qu’une goutte d’eau au regard des emplois industriels perdus, a tweeté l’économiste Paul Krugman. Selon lui, il faudrait un accord similaire par semaine pendant quatre ans pour ramener seulement 4% des emplois disparus depuis 2000. L’ex-candidat démocrate à la présidentielle Bernie Sanders s’est offusqué jeudi dans le Washington Post d’un «pansement qui ne fait qu’aggraver le problème des inégalités de revenus en Amérique». Le sénateur du Vermont craint en effet que cet accord n’incite désormais les entreprises à menacer de délocaliser leurs usines dans le seul but d’obtenir un allègement fiscal similaire.

Alléger les taxes d’impôts des sociétés

Anthony Scaramucci, un chef d’entreprise membre de l’équipe de transition de Donald Trump, a relevé mercredi que «tout l’objectif» de cette opération était de réduire les impôts des sociétés pour attirer les investissements aux Etats-Unis. Pendant sa campagne, il a promis de relancer l’activité des entreprises grâce notamment à une vaste déréglementation et à une baisse de l’impôt sur les sociétés qui passerait de 35% à 15%. Après l’Indiana, la tournée se poursuit dans l’Ohio (nord), où il doit tenir un meeting jeudi soir à Cincinnati.

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