CAN 2017 : 4 milliards de francs CFA pour les éléphants de Côte d’Ivoire

Laurence Guédé

Le top est donné pour les préparations de la CAN. Et le gouvernement ivoirien est prêt à tout pour rééditer l’exploit.

Il y a quelques jours la liste de 23 joueurs qui porteront haut les couleurs de la sélection ivoirienne a été dévoilée. Les Eléphants de Côte d’Ivoire ont débuté, lundi 2 janvier, à Abou Dhabi leur préparation pour la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2017, qui doit s’ouvrir le 14 janvier au Gabon. Ils bénéficieront de moyens conséquents, encore plus élevés que ceux engagés en 2015. Le scandale du détournement de fonds lors de la dernière compétition semble n’avoir rien changé

Un scandale trop vite passée inaperçue

Les dirigeants pour la dernière la Coupe d’Afrique des nations, avaient faire disparaître 720 millions de primes comptes. Cette histoire n’avait fait grand effet sur les bords de la lagune ébrie. Les Ivoiriens ne sauront certainement jamais rien sur le scandale de détournement des primes affectées lors de la CAN 2015 à leur équipe nationale de football, après le deuxième sacre continental de son histoire, face au Ghana. Deux ans après la disparition de 720 millions de francs CFA (1,1 million d’euros) du budget prévu pour la préparation de l’équipe et le paiement des primes des joueurs de la sélection, il n’existe plus aucune trace des enquêtes diligentées à l’époque par le gouvernement ivoirien.

Une mise au vert dans de bonnes conditions

Albert Amichia, en sa qualité de nouveau ministre des sports a annoncé le 31 décembre 2016 le montant de la cagnotte affectée aux Eléphants pour la défense de leur titre. Elle s’élève à 3,9 milliards francs CFA (5,9 millions d’euros). On peut remarquer une hausse de 400 millions de francs CFA par rapport au montant accordé en 2015. « Le gouvernement est à pied d’œuvre afin de permettre à notre équipe nationale de se préparer dans de bonnes conditions », a simplement affirmé à la radio nationale le ministre qui n’a livré aucune précision sur le mode de gestion de cette somme conséquente.

Des fonds en nette augmentation donc et qui seront gérés malgré tout quasiment par les mêmes hommes qu’en 2015. Les dirigeants de la Fédération ivoirienne de football sont encore en place, comme la plupart des responsables du ministère des sports. Seul le ministre Alain Lobognon avait été alors démis de ses fonctions, sans être inquiété par la justice. Seules deux personnes ont été poursuivies : Fulbert Beugrefoh, l’ancien chef de cabinet et le régisseur dudit ministère Patrick Yapi, mis en cause et arrêtés en mai 2015. Ils ont finalement tous les deux été libérés en juillet 2016, sans le moindre procès.

« Qu’ils rééditent l’exploit de 2015 »

« L’argent du contribuable a besoin d’être géré avec un minimum de clarté. Nous attirons l’attention de l’exécutif afin d’éviter que se répète le scénario de 2015 », indique Pierre Adjoumani, président de la Ligue ivoirienne des droits de l’homme (LIDHO). Dans les rues de la capitale économique ivoirienne Abidjan, les fans du football, qui se préparent déjà à la fête de la CAN, ont cependant accueilli l’annonce du budget sans ciller. « Il y a longtemps qu’on décaisse beaucoup d’argent pour les Eléphants. Ils ne nous ramenaient rien et on ne nous rendait pas de comptes, note Soumaila Konaté, un pompiste blasé. En 2015, ils ont remporté un trophée, nous attendons qu’ils rééditent l’exploit. Pour ce qui est des sombres pratiques, nous en sommes familiers, cela importe peu. »

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