Pour parfaire ses voitures autonomes, Tesla s’entoure des meilleurs éléments.
L’entreprise d’Elon Musk a annoncé mardi 10 janvier avoir débauché Chris Lattner, un vétéran d’Apple. Le créateur du langage de programmation Swift rejoindra les rangs de Tesla en tant que vice-président d’Autopilot, le logiciel d’assistance à la conduite qui équipe les véhicules de l’entreprise. À terme, le groupe vise l’autonomie complète de ses voitures.
Un génie informaticien
Chris Lattner, informaticien américain, né en 1978, est connu comme le principal auteur du compilateur Clang et de sa plate-forme de bas niveau LLVM. Il travaille depuis 2005 pour le compte de la société Apple, mais a annoncé son départ et doit rejoindre Tesla Motors au cours du mois de janvier 2017. Lattner étudie l’informatique à l’université de Portland, un établissement catholique privé dans l’état de l’Oregon aux États-Unis. Il obtient son diplôme en 2000, puis intègre l’université de l’Illinois à Urbana-Champaign comme assistant de recherche, où il débute l’implémentation du projet LLVM. Ensuite la maintenance et les développements du projet en rejoignant Apple, sponsor du projet et aujourd’hui responsable de sa gestion. Il a reçu le prix d’excellence du SIGPLAN de l’ACM en juin 2010 pour ses travaux sur ce projet LLVM.
En débauchant une telle pointure de la programmation chez Apple, le constructeur automobile fait une entorse à ses pratiques. Lors d’une interview accordée au média allemand Handelsblatt, Elon Musk avait qualifié l’entreprise de Tim Cook de «cimetière de Tesla», estimant qu’aucun ingénieur compétent de son propre groupe n’y avait été recruté. Apple «a engagé des personnes que nous avons licenciées», avait-il alors déclaré. L’annonce marque également un basculement dans le rapport de force entre les deux géants des nouvelles technologies. «Il y a un an ou deux, Apple donnait l’impression d’être en mesure de menacer Tesla dans le secteur des voitures automobiles», rappelle sur son blog John Gruber. «Il semble désormais qu’Apple ne soit plus dans la course, et que Tesla menace son avance en matière de programmation.»
La course aux voitures autonomes
Le recrutement de Chris Lattner s’inscrit dans un contexte de forte concurrence autour de la voiture autonome. La conduite automatique fait l’objet d’une attention soutenue des constructeurs automobiles, d’Audi à Volvo en passant par Ford, mais aussi de grands noms des nouvelles technologies. Uber ou encore Nvidia, Intel et Mobileye ont fait part de leur intérêt pour le sujet. Mi-décembre, Google a annoncé le lancement de Waymo, une société entièrement consacrée au développement de logiciels pour voitures autonomes. Une centaine de monospaces Chrysler Pacifica devraient en tester les fonctionnalités d’ici fin janvier.
À la recherche de relais de croissance, Apple a également dévoilé ses ambitions en matière automobile. Malgré le recrutement d’ingénieurs d’envergure – dont Steve Zadesky, un ancien de Ford ou encore Chris Porritt, de Tesla -, l’équipe de 1000 personnes chargées de s’attaquer au marché de la construction de la voiture autonome d’ici 2020 a ces derniers mois perdu plusieurs centaines d’ingénieurs dans des circonstances tumultueuses, selon des sources sollicitées par Bloomberg. L’impossibilité du groupe à retenir Chris Lattner dans les équipes de développement de son propre véhicule ne laisse rien augurer de bon. L’Apple Car, objet de rumeurs et de fantasmes, pourrait ne jamais voir le jour.