L’Afrique a un nouveau Roi

Amani Georges

Le nouvel homme fort du continent est attendu sur plusieurs dossiers sensibles

L’Afrique a un nouveau roi depuis quelques jours, en la personne d’Idriss Deby Itno. Il a été désigné par ses pairs comme le nouveau roi d’Afrique à l’occasion du 26ème sommet de l’organisation qui s’est tenu dans la capitale éthiopienne. Il succède ainsi pour un mandat d’un an au président zimbabwéen Robert Mugabe. Cette prise de fonction du président tchadien saluée par plus d’un intervient dans un climat politique africain très tendu. Le continent fait face à une série de crise sans précédents essentiellement marquée par l’avancée des groupes djihadistes dans plusieurs régions de l’Afrique. L’engagement du chef de l’état tchadien dans la lutte contre le terrorisme est connu de tous. L’an dernier il envisageait de pouvoir mettre fin définitivement à la menace terroriste et s’était même fixé pour objectif d’éradiquer la secte islamiste Boko Haram avec la fin de l’année 2015. Mais face à une institution africaine parfois indécise, la tâche ne s’annonce pas du tout facile pour Idriss Deby.

Les défis qui l’attendent au cours de son mandat

Le président tchadien prend ses nouvelles fonctions dans un contexte particulièrement alarmant. Plusieurs crises seront évoquées au cours de son mandat avec en toile de fonds la sensible question de la situation sécuritaire au Burundi. Face au climat de violence qui prévaut depuis la réélection contestée de Pierre Nkurunziza, l’Union africaine s’était prononcé en faveur du déploiement de 5000 soldats pour garantir la sécurité des populations et des biens. Mais le président burundais s’est formellement opposé à cette proposition en menaçant d’user de tous les recours pour empêcher l’arrivée du contingent africain. Selon certains observateurs, une intervention militaire serait salutaire car la crise burundaise vire inéluctablement au génocide de 1994 où plus de 200.000 personnes avaient perdus la vie dans les affrontements interethniques entre Hutus et Tutsis. En marge de ce sujet qui divise l’UA, le nouveau président de l’organisation devra également s’attaquer à la question du terrorisme sur le continent. En toile de fonds la situation libyenne où les islamistes tentent régulièrement d’étendre leur influence en dehors de la ville de Syrte déjà sous leur commandement. Faire disparaître le spectre de la menace djihadiste qui plane en Afrique de l’ouest, dont le Burkina et le Mali en ont déjà fait les frais, figure également au nombre de ses priorités. Le tchadien devra aussi veiller au bon déroulement des élections présidentielles prévues pendant son mandat.

Le justicier africain solitaire ?

L’engagement d’Idriss Deby Itno dans la lutte contre l’invasion terroriste aux côtés des pays touchés a porté ses fruits. L’an dernier, il avait infligé à Boko Haram un sérieux revers à l’issu des affrontements entre son armée et les rebelles. Le président avait considérablement affaibli la menace djihadiste mais son appel en faveur d’une synergie des efforts contre le terrorisme n’a pas été entendu. La détermination de l’homme ne fait aucun doute, mais la morosité de l’UA risque fort de lui compliquer la tâche.

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