TROISIME MANDAT GUINEE – Alors qu’il tend vers l’achèvement de son deuxième mandat, le président guinéen est de plus en plus soupçonné de vouloir modifier la constitution guinéenne pour briguer un troisième mandat. Face à ce que ses opposants qualifient de forfaiture, le ministre de la justice, garde des sceaux, a décidé de rendre sa démission.
La révision de la constitution en Guinée est une pilule qui passe difficilement pour l’instant. Si le débat fait rage depuis quelques mois, c’est tout simplement parce que le président guinéen refuse de clarifier sa position vis-à-vis de la prochaine présidentielle dans ce pays. Fin d’année dernière, Sidya Touré, l’un des importants soutiens dont bénéficiait le régime Condé, démissionnait du gouvernement pour se ranger dans l’opposition. Dans une interview accordée le mois dernier à RFI, l’opposant guinéen dénonçait ce passage en force que préparerait l’actuel dirigeant guinéen à travers une révision constitutionnelle. Et même au sein du camp présidentiel, l’idée d’un troisième mandat peine à faire l’unanimité. La démission du ministre de la justice, garde des sceaux, montre bien que le pays reste divisé sur la question de cette révision des textes.
L’avènement d’une nouvelle constitution en Guinée est une idée que rejette la classe politique guinéenne dans sa majorité. Et même au sein de son propre camp, le président guinéen peine à faire l’unanimité sur la question de son troisième mandat à la tête du pays. Lâché par Sidya Touré il y’a environ six mois, Alpha Condé vient de faire face à une nouvelle défection au sein de son camp. Me Cheick Sako, ministre d’état, ministre de la justice et garde des sceaux en Guinée, a démissionné de son département ministériel. Dans la lettre de démission adressée au président guinéen, Parmi les raisons qui justifient cette décision de Cheick Sako, le désir du président Alpha Condé de vouloir modifier la constitution pour briguer éventuellement un troisième mandat. Le ministre de la justice a toujours marqué son opposition à ce projet de loi sur la révision de la constitution guinéenne. Par ailleurs, il explique n’avoir pas été consulté par Alpha Condé pour la rédaction de la nouvelle mouture, autant de raisons qui l’ont poussé à démissionner du ministère de la justice : «Excellence monsieur le président de la République, tirant les conséquences de votre silence depuis le 4 avril 2019, jour de notre entretien et de la remise du courrier vous demandant de me remplacer dans mes fonctions de ministre de la Justice, Garde des sceaux, je vous présente ma démission du gouvernement. Par ailleurs, je n’ai pas été associé à la rédaction de la nouvelle constitution en ma qualité de Garde des sceaux et compte tenu de ma position personnelle contre toute modification ou changement de la constitution en vigueur, vous comprendrez que je ne puisse plus continuer à exercer la fonction de ministre de la Justice, Garde des sceaux. J’ai le plaisir et l’honneur de vous servir ainsi que le gouvernement et le peuple de Guinée avec dévouement et loyauté durant cinq années et cinq mois. Soyez en vivement remercié. En vous souhaitant bonne réception de la présente, je vous prie de recevoir, monsieur le président de la république, en l’expression de mes sentiments respectueux.», explique-t-il dans sa lettre.
Alpha Condé joue la carte de la confusion
«Pour le moment, il y a un débat en Guinée, moi j’observe. Ce qui est évident, le peuple guinéen est un peuple souverain et personne ne peut empêcher ce peuple guinéen de s’exprimer s’il veut s’exprimer. J’ai été élu par le peuple de Guinée, je n’ai de compte à rendre qu’au peuple de Guinée éventuellement au peuple africain.», a indiqué le président guinéen lors d’un déplacement dans la capitale ivoirienne.