MANIFESTATIONS AU SOUDAN – Après avoir mis un terme au régime d’Omar El Béchir, les soudanais ont continué de maintenir la pression sur le conseil militaire en vue de la mise en place d’une transition dirigée par des civils. Mais les discussions entre l’armée et les manifestants sur cette question n’ont abouti à aucun accord. Devant l’ampleur que prenaient les contestations, la répression n’a pas tardé. Les Forces de soutien rapide ont tenté de dispersé une manifestation à Karthoum, cœur de la révolution, le lundi. Selon un bilan provisoire ces violentes répressions ont fait à ce jour plus de 100 morts dans les rangs de la contestation.
La junte au pouvoir au Soudan est-elle encore assez crédible pour conduire la transition démocratique ? Après la violente répression des manifestations qui ont eu lieu le lundi, les contestataires sont moins réticents à l’idée d’une transition politique dirigée par les militaires. Après la chute de l’ancien président Soudanais, un conseil militaire dirigé par le général Abdel Fatah al-Burhan, a été mis en place, pour organiser la transition qui conduira à des élections crédibles au Soudan. Mais la contestation rejette l’idée d’une transition impliquant la junte militaire. Pour se faire entendre, les soudanais multiplient depuis la chute de l’ancien régime, des sit-in devant le QG de l’armée pour réclamer une transition sans l’armée. Et la réponse de la junte aux manifestants a fait sombrer le pays dans un nouveau chaos.
Au moins 108 morts, c’est le triste bilan de la répression des manifestations qui ont eu lieu il y’a quelques jours au Soudan. En désaccord avec la contestation sur la marche à suivre pour la transition politique, la junte militaire au pouvoir, félicitée autrefois pour avoir destitué Omar El Bechir, ne bénéficie plus de la confiance du peuple soudanais. A l’origine de ce massacre, les Forces de soutien rapide (RSF) selon un communiqué de comité des médecins au Soudan, une association qui soutient la contestation contre la junte militaire. D’après, le comité, une quarantaine de corps ont été découverts dans le Nil. Pour sa part, l’armée soudanaise rejette le bilan des 108 avancés par le comité des médecins soudanais, arguant que le seuil des 100 morts n’a pas encore été franchi depuis le début de la contestation au Soudan : «le ministère de la santé démenti le bilan selon lequel le nombre de morts lors des récents événements ait atteint 100, et rassure que le chiffre n’a pas dépassé 46», rapporte le média soudanais Suna. Les réactions au niveau international se sont multipliées après la violente répression des manifestations à Karthoum, au cœur de la révolution. Réuni mardi, le Conseil de sécurité des Nations Unis a appelé le pouvoir et les opposants à «continuer à travailler ensemble vers une solution consensuelle». Toutefois, les Etats-Unis, la Norvège et le Royaume-Uni ont désavoué la junte militaire sur son intention de vouloir conduire la transition au Soudan : «le peuple soudanais mérite une transition dans le calme, menée par des civils, qui puisse établir les conditions pour des élections libres et justes, plutôt que d’avoir des élections hâtives imposées».
Des cas de viols dans la répression
«Nous avons pu confirmer au moins trois ou quatre cas de viols lors de la journée de lundi. Depuis, nous ne savons pas trop car l’Internet a été coupé. Nous avons reçu des informations selon lesquelles il y aurait eu d’autres cas, mais nous n’avons pas pu les vérifier. De toute façon, les cas de viols sont rarement rapportés aux médecins, à moins que la personne n’ait été sérieusement blessée, car le viol est tabou dans ce pays.», a fait savoir Sara Abdelgalil, membre du comité des médecins soudanais qui soutiennent la révolution en cours dans leur pays.