Attaque terroriste au Faso – De janvier 2016, date de la première attaque armée d’envergure des groupes djihadistes à ce jour, on ne compte plus le nombre d’offensives menées par les groupes armés sur le territoire. Et même la capitale Ouagadougou n’est pas totalement à l’abri du terrorisme à ce jour. Malgré le renforcement du dispositif sécuritaire dans les zones touchées par ces attaques, notamment le nord-ouest du pays, l’armée n’arrive toujours pas repousser les groupes armés qui sèment la terreur au pays des hommes intègres. Si le budget de l’armée a été revu à la hausse, sur le terrain certains militaires se plaignent du manque de matériel adéquat face aux groupes armés qui seraient mieux équipées à ce jour. C’est en tout cas l’information rapportée par le quotidien Le Monde, qui a enquêté sur le quotidien des militaires burkinabés engagés dans la lutte contre le terrorisme.
Dans la région du Sahel, le Burkina Faso est sans doute l’un des pays les plus touchés par les attaques armées. C’est en janvier 2016 que les terroristes revendiquaient la toute première attaque au pays des hommes intègres. En l’espace de trois ans, l’ouest du pays s’est transformé en un véritable bastion des groupes armées qui attaquent des villages, bien souvent en toute impunité. Et les forces de l’ordre ne sont pas épargnées par ces attaques terroristes. Plusieurs postes de police et de la gendarmerie ont été pris pour cible par les groupes armés djihadistes. Pourtant, le gouvernement a renforcé son dispositif sécuritaire dans les zones en proie aux attaques, sans réussir à véritablement reprendre le contrôle de ces zones.
Les militaires burkinabés engagés dans la lutte contre le terrorisme seraient-ils sous-équipés ? C’est en tout cas l’information transmise par certains soldats sur le terrain au quotidien français Le Monde, qui a mené des investigations sur le quotidien des soldats qui luttent contre les groupes armés. Populations civiles, policiers, gendarmes, aujourd’hui nul n’est à l’abri des nombreuses attaques perpétrées sur le territoire du Faso depuis quelques années. L’invasion du pays a connu une ascendance particulière ces deux dernières années : «Ce n’était vraiment pas prudent. J’étais dans le véhicule de tête, nous devions traverser une zone dangereuse, de nuit, avec notre vieux pick-up qui tombe en panne. Les terroristes nous guettaient, ils étaient 40 avec une mitrailleuse chacun. Nous, nous n’en avions qu’une pour six, on se voyait déjà morts… On manque de tout là-bas : d’armes, de tenues de protection, de véhicules blindés – le seul au camp est en panne depuis deux ans… Alors on doit sortir en pick-up, mais si on tombe sur un engin explosif, c’est fini pour nous», confie au Monde un soldat nommé Moussa. Pour le militaire burkinabè, les groupes armés seraient à ce jour mieux équipés que l’armée burkinabé déployée sur le terrain : «L’ennemi est plus équipé que nous, alors maintenant, si on ne veut pas mourir, on préfère fuir». Pourtant, le budget de l’armée a été revu à la hausse pour permettre aux militaires d’être mieux efficaces sur le terrain, dans la lutte contre le terrorisme.
Une révolte au sein de l’armée burkinabè ?
De plus en plus de militaires s’interrogent sur le véritable engagement de la hiérarchie dans la lutte contre le terrorisme. Au mois d’août, 24 soldats burkinabè tombèrent dans une attaque coordonnée par les groupes djihadistes à Koudougou. Et la colère monte de plus en plus sur le terrain dans les rangs de l’armée, selon Le Monde : «Les chefs n’ont pas pris la menace au sérieux et n’ont jamais envoyé le renfort aérien demandé par les hommes sur place, qui ont été obligés de fuir. Comment se fait-il aussi que les dépouilles de nos camarades soient restées trois jours à pourrir là-bas ?», rapporte le quotidien français, citant le témoignage d’un soldat nommé Issa. Selon une source sécuritaire citée par le quotidien, «Certaines unités ont chassé leur chef. La colère monte et elle pourrait avoir un effet boule de neige. Sans troupes dans cette zone, c’est une passoire pour les groupes terroristes ».