Libération de Maurice Kamto – Arrivé en seconde position pendant la présidentielle d’octobre 2018 au Cameroun, l’opposant de Paul Biya n’a cessé de contester les résultats du scrutin présidentiel sanctionné par une victoire écrasante de l’actuel président Paul Biya. En janvier, l’opposant sera mis aux arrêts par le régime actuel, une arrestation qui suscitera la colère de ses partisans, et surtout l’inquiétude de la communauté internationale. Après huit mois de détention, le candidat malheureux à la présidentielle camerounaise sera finalement libéré, une libération qui constitue une avancée majeure dans le processus de paix au Cameroun. Mais l’opposant historique de Paul Biya entend poursuivre la résistance face au pouvoir actuel. Avant la tenue des prochaines élections au Cameroun, Maurice Kamto souhaite une réforme du code électoral camerounais, pour l’institution d’un second tour au scrutin présidentiel dans son pays.
Actuellement considéré comme le doyen des dirigeants africains en exercice, Paul Biya fait face à une vague de contestation depuis plusieurs années, en raison de sa gestion de la crise anglophone dans son pays, puis sa réélection au Cameroun qui remonte à un an. Hasard du calendrier, le pouvoir actuel a décidé de libérer le chef de file de l’opposition camerounaise Maurice Kamto. Arrêté en janvier, il avait organisé plusieurs manifestations dans son pays pour contester les résultats de la présidentielle du 7 octobre 2018 sur le sol camerounais. Interrogé par Rfi, l’opposant historique dément toute forme d’accord avec le pouvoir actuel concernant sa libération. Libre de tout mouvement, l’opposant promet de nouvelles actions sur le terrain contre le régime de Paul Biya, en vue d’accentuer la pression sur le régime pour une réforme du code électorale après les prochaines élections locales.
La libération de Maurice Kamto est un signe d’apaisement au Cameroun, un pays en proie à des tensions dans la partie anglophone depuis plus de deux ans. Critiqué par la communauté internationale pour sa gestion de la crise anglophone et pour les arrestations arbitraires, le président camerounais joue la carte de l’apaisement et du dialogue désormais. Dans ce sens, l’opposant historique Maurice Kamto a été libéré le 5 octobre dernier après huit mois de détention. Arrivé deuxième à la présidentielle camerounaise remportée par Paul Biya, l’opposant a contesté la réélection du dirigeant camerounais en poste depuis plus de 38 ans. Si sa libération est un signe d’apaisement, de nombreuses figures de l’opposition au régime sont encore en prison. A cours d’un entretien accordé à RFI, Maurice Kamto a exigé la libération de tous les détenus politiques, plus particulièrement celle du leader séparatiste Sisiku Ayuk Tabe qu’il a d’ailleurs rencontré en prison : «On partageait la même cour, donc il aurait fallu être particulièrement impoli pour qu’on ne se dise pas bonjour. J’ai le sentiment profond que, tant que le dialogue n’associe pas et n’implique pas les leaders des groupes armés séparatistes, fédéralistes, tout ce que vous voulez… Mais ne les implique pas directement dans les négociations sur la forme de l’État, nous n’aurons pas la paix ou une paix durable dans ces régions. C’est dans ce cadre-là que nous demandons – et parce que nous croyons que c’est nécessaire –, la libération d’Ayuk Tabe Sisiku et les autres.», confie l’opposant camerounais. Interpellé pour ses nombreuses manifestations contre le régime Biya, Kamto entend poursuivre la résistance nationale : «La résistance nationale va se poursuivre dans les formes et les modalités que nous indiquerons le moment venu.», peste l’opposant.
Réforme du code électoral camerounais
«Je crois que le point important, c’est l’impératif de la réforme consensuelle du Code électoral dans notre pays, avant les toutes prochaines élections. Si on ne fait pas, on va aller au-devant de crises électorales multiples. Deuxièmement, les populations des zones anglophones ne pourront pas participer aux élections à venir avec la confiance. Et dans ces conditions, ce sera acter de fait la partition du pays. Nous ne sommes plus à l’élection présidentielle où les gens nous ont expliqué que c’était une circonscription unique et qu’on pouvait balancer les voix.», rapporte Maurice Kamto dans son entretien accordé à Rfi.