Cameroun : colère dans les rues après le message de Macron à Biya

Kohan Kioshiko

Crise anglophone au Cameroun – A l’occasion du salon de l’agriculture qui s’est tenu il y’a quelques jours en France, Emmanuel Macron a été approché par un activiste camerounais. Ce dernier l’a interrogé sur la position de la France dans la crise qui secoue la partie anglophone du pays dirigé par Paul Biya depuis près d’une quarantaine d’années. La réponse du président français à l’activiste camerounais a suscité un tollé d’indignation dans les rues de la capitale camerounaise. Le président français faisait savoir qu’il continuerait de mettre la pression sur Paul Biya pour la libération de l’opposant Maurice Kamto. Le lundi 24 février, des centaines de camerounais ont manifesté devant française de Yaoundé pour crier leur indignation face aux propos tenus par le locataire de l’Elysée à l’endroit de leur président. Une personnalité politique camerounaise a d’ailleurs appelé le gouvernement à de fortes réactions après cette sortie de Macron.

Au Cameroun, la colère se lisait sur le visage des centaines de camerounais suite aux propos d’Emmanuel Macron sur la crise anglophone. Environ 500 personnes ont brandi des pancartes contre le président Macron devant l’Ambassade française située sur le territoire camerounais. Cette colère fait suite aux propos tenus par le président français sur la crise anglophone il y’a quelques jours, à l’occasion du salon de l’agriculture en France. Lors de ce salon, le locataire de l’Elysée avait été approché par un activiste camerounais. Le président français confiait que c’est suite aux pressions exercées sur Biya que l’opposant camerounais Maurice Kamto, candidat malheureux de la précédente présidentielle, a été libéré. Le locataire de l’Elysée a annoncé qu’il continuerait de faire pression sur le dirigeant camerounais dans la crise anglophone qui secoue le pays depuis quelques années. Pour les camerounais, ces propos soulignent clairement l’ingérence de la France dans certaines affaires internes camerounaises.

«Vous savez mon engagement sur ce sujet. J’ai mis la pression sur Paul Biya pour que, d’abord, il traite le sujet de la zone anglophone et ses opposants. J’avais dit : je ne veux pas que l’on se voie à Lyon, tant que Maurice Kamto n’est pas libéré. Il a été libéré parce qu’on a mis la pression…Là, la situation est en train de se dégrader. Je vais appeler, la semaine prochaine, le président Biya et on mettra le maximum de pression pour que cette situation cesse. Je suis totalement au courant et totalement impliqué sur les violences qui se passent au Cameroun et qui sont intolérables. Je fais le maximum», déclarait le président Emmanuel Macron, en réponse à un activiste camerounais qui l’interrogeait sur la crise anglophone au Cameroun. Comme il fallait s’y attendre, les propos tenus par Macron à l’endroit de Paul Biya sur la crise camerounaise, ont suscité une vague d’indignation dans les rues du pays. Le lundi, environ 500 camerounais se sont donnés rendez-vous devant l’ambassade française au Cameroun pour dénoncer l’ingérence de la France dans cette crise. Un manifestant interrogé par nos confrères de RFI devant l’ambassade française lundi dernier, a d’ailleurs laché les propos suivants : «Monsieur Macron ne peut pas dire qu’il va appeler Biya pour lui donner des injonctions. Non, nous ne sommes pas une province de la France, le Cameroun est un Etat souverain et indépendant».

Biya lâché par la France

«Ce qu’il faut retenir de l’échange en mondovision entre Emmanuel Macron et un activiste Camerounais à Paris est le lâchage du vieux dictateur par la France, qui a toujours soutenu la répression de ce régime contre son peuple depuis 38 ans. C’est par une phrase que le président français a indiqué clairement la nouvelle position d’une France qui souhaite désormais voir le satrape débarrasser le plancher…Comme l’Égypte pour se débarrasser d’Hosni Moubarak ; la Tunisie pour bouter Ben Ali du pouvoir ; le Soudan et dans une moindre mesure l’Algérie, il faudrait que les Camerounais prennent la rue et s’y installent de façon permanemment, jusqu’à la chute du régime.», a souligné pour sa part le journaliste Said Penda.

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