Coronavirus : faut-il craindre le pire en Afrique ?

Kohan Kioshiko

Coronavirus en Afrique – Il y’a deux mois, l’épidémie de Covid-19 était encore un mythe pour certains sur le continent. Mais à ce jour, près d’une cinquantaine de pays africains ont changé leur mode de vie pour faire face à l’épidémie. Comparé aux chiffres de l’Occident ou des Etats-Unis, l’Afrique peut s’estimer heureuse d’avoir moins de cas de contamination et de morts. Mais sur un continent en manque d’infrastructures sanitaires de qualité, certains commencent à tirer la sonnette d’alarme.

L’épidémie du nouveau coronavirus en Afrique a officiellement dépassé la barre des 10 000 cas de contamination. Ce chiffre peut sembler élevé et inquiétant, mais il est à la fois rassurant lorsque l’on compare aux statistiques de certains pays comme l’Italie, la France où les Etats-Unis d’Amérique. Sur le continent d’environ 1,2 milliards d’habitants, l’épidémie du Covid-19 a déjà fait près de 500 morts selon les dernières statistiques. Si le continent africain résiste bien pour l’instant à cette épidémie, les inquiétudes de la communauté internationale concernant une situation encore plus dramatiques, sont aujourd’hui partagés par certains. Le non-respect des mesures barrières annoncées par l’OMS, le retard tardif du confinement général, sont autant de raison qui laissent penser que le continent africain doit s’attendre au pire dans cette lutte contre le Covid-19. Le journaliste africain Said Penda a récemment tiré la sonnette d’alarme, citant cette fois un journal français qui rapporte les résultats d’une étude britannique sur le coronavirus. Selon cette étude, le continent africain devrait s’attendre à au moins 450 000 cas de contamination dans les semaines à venir.

«Le coronavirus pourrait infecter au moins 450.000 personnes en Afrique et faire plusieurs dizaines de milliers de morts. (Groupe d’experts de la London School of Hygiene and Tropical Medicine).  Continuons à nous amuser en allant nous frotter les uns aux autres dans des réjouissances (mariages, baptêmes, etc.) assurément indécentes au moment où l’humanité est au bord du naufrage avec des dizaines de milliers de morts, des cérémonies inutiles (enterrements regroupant beaucoup de monde, funérailles extravagants, etc.), si ce n’est en manifestant pour casser des centres construits pour notre propre prise en charge (cas des illuminés manipulés de Yopougon en Côte d’Ivoire). Cherchons par tous les moyens de contourner les blocus instaurés autour de certaines villes. Pourquoi devrions-nous nous inquiéter alors que Dieu n’existe que pour les Africains.», révèle le journaliste Said Penda. L’homme de média dénonce une marginalisation des risques de contamination du Covid-19 sur le continent africain. Dans la journée du lundi, des manifestations ont éclaté dans les communes de Koumassi et Yopougon contre l’installation d’un centre de dépistage volontaire du coronavirus. Comme il fallait s’en douter ces manifestations ont attiré du monde, plus particulièrement à Yopougon où la police a dû faire usage de Gaz Lacrymogène pour disperser les manifestants. Said Penda a également déploré la présence de certains ‘‘charlatans’’ qui prétendent guérir le Covid-19 grâce à certaines décoctions traditionnelles : «Ne respectons pas les mesures et les recommandations qui nous sont données par les voix les plus autorisées, suivons plutôt nos charlatans « agrégés » des réseaux sociaux : l’ail mélangé au miel, feuilles de nime avec du citron et du gingembre, etc. Déjà 500 morts en Afrique, alors que le pic sur le continent n’est prévu qu’en fin Mai.».

Vers un confinement forcé de l’Afrique ?

Concernant la Côte d’Ivoire, le journaliste Tiémoko Assalé souhaite que la décision de confinement total, aussi difficile qu’elle puisse être doit être urgemment prise pour briser la chaine de contamination du virus : «je propose que, quitte à souffrir de faim pendant 14 jours pour continuer à vivre après, il faut décréter d’ici la fin de cette semaine, le confinement absolu d’Abidjan pendant 14 jours, sans circulation, sans transport public, sans aucun bureau, sans aucun espace ouvert. Le couvre feu n’est qu’une mesure palliative. Le remède pour briser la chaîne de contamination, c’est le confinement total.», indique le journaliste ivoirien. Reste à savoir si le continent africain est préparé au risque d’un confinement total pour freiner l’épidémie.

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