Mali : la Cedeao hausse le ton contre la junte militaire

by Kohan Kioshiko

Crise au Mali – moins d’un an après le coup d’Etat qui a évincé du pouvoir Ibrahim Boubacar Kéita, le Mali est de nouveau plongé dans une impasse politique après le nouveau coup de force de la junte militaire actuelle. Après avoir procédé à l’interpellation du président de la Transition, la junte militaire au Mali occupe désormais le fauteuil présidentiel.

La Cedeao n’est pas restée insensible au nouveau coup de force de la junte militaire malienne. Moins d’un an après avoir écarté le président IBK du pouvoir, les militaires maliens ont encore fait parler d’eux en écartant cette fois le président de la Transition malienne. La transition malienne est désormais conduite par Hassimi Goita, le colonel à l’origine du renversement du président élu IBK. Les chefs d’Etats membres de la CEDEAO se sont réunis à Accra après le nouveau revirement de la situation au Mali. Dans le communiqué final, les Etats membres de la CEDEAO ont annoncé la suspension du Mali de l’instance ouest africaine. Mais la communauté ouest africaine n’a pas adopté de sanctions économiques à l’endroit de la junte militaire qui vient de prendre le pouvoir. Toutefois, la CEDEAO a insisté sur le respect du calendrier de la transition qui prévoit la tenue des élections présidentielles au Mali dans un délai de 18 mois.

 Le communiqué de la CEDEAO sur la crise au Mali n’aura pas tardé : «A l’invitation de Son Excellence Nana Addo Dankwa AKUFO-ADDO, Président de la République du Ghana et Président en exercice de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), un Sommet extraordinaire sur la situation politique au Mali s’est tenu le 30 mai 2021, à Accra, au Ghana…Le sommet extraordinaire avait été convoqué dans le but d’examiner la situation socio-politique prévalant au Mali, suite à l’arrestation, la détention, puis la démission du Président et du Premier-ministre de la transition le 26 mai 2021, ainsi que pour déterminer la voie à suivre en ce qui concerne la transition…Après la présentation du rapport de S.E. Goodluck Ebele JONATHAN, ancien Président de la République fédérale du Nigeria, Envoyé spécial et Médiateur de la CEDEAO au Mali, les Chefs d’Etat ont exprimé leur vive préoccupation concernant la crise actuelle au Mali, qui intervient à mi-chemin de l’échéance fixée pour la période de transition convenue, dans un contexte marqué par des difficultés liées aux attaques terroristes récurrentes, ainsi qu’à la pandémie de Covid-19 et ses conséquences désastreuses sur le plan socioéconomique…Les Chefs d’Etat exigent la libération immédiate et inconditionnelle de l’ancien Président de la Transition, du Premier ministre et de leurs collaborateurs maintenus en résidence surveillée. Ils condamnent fermement ce nouveau coup d’Etat, qui constitue une violation des décisions issues du Sommet extraordinaire du 15 septembre 2020, tenu au Peduase Lodge d’Aburi au Ghana, ainsi qu’une violation de la Charte de la transition.», lisons-nous dans le communiqué final de la rencontre des chefs d’Etats de la CEDEAO dimanche.

Respect de la Charte de la Transition

«Les Chefs d’Etat et de Gouvernement, à la suite de discussions larges et approfondies sur la situation au Mali, ont : Réaffirmé l’importance et la nécessité du recours à un processus démocratique pour l’accession au pouvoir, conformément aux dispositions du Protocole de 2001 de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance. Ont été ainsi condamnées toutes les actions qui ont conduit à cette situation d’instabilité au Mali et ses effets négatifs pour la sous-région; Décidé de suspendre le Mali des institutions de la CEDEAO, conformément aux textes de l’organisation ;  Appelé à la nomination immédiate d’un nouveau Premier-ministre civil; Demandé la formation d’un nouveau gouvernement inclusif, pour la poursuite du programme de transition; Réaffirmé la nécessité de veiller au respect de la période de transition de 18 mois, comme il avait été décidé à Accra.», rapporte le communiqué final.

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